Déficit budgétaire : Les pratiques cachées qui ont creusé les finances publiques

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En prenant l’initiative de révéler la falsification des comptes publics, les nouvelles autorités ont envoyé « un signal fort » aux partenaires du Sénégal, témoignant de leur volonté d’œuvrer pour la transparence, selon une source au ministère des Finances. Celle-ci estime que cela devrait rassurer les investisseurs.

Après la révélation d’un déficit budgétaire et d’une dette supérieurs aux chiffres initialement annoncés par l’ancien régime, certains analystes craignent que les marchés financiers sanctionnent négativement le Sénégal (voir notre article du week-end). Toutefois, d’après une source au ministère des Finances, cet exercice de transparence pourrait être bien accueilli par les investisseurs et les bailleurs de fonds. « Il y aura un petit moment de flottement, peut-être d’une semaine, mais ensuite, la confiance reviendra », estime notre interlocuteur, qui a requis l’anonymat. Selon lui, tout dépendra des mesures que le ministre des Finances et du Budget annoncera lors de sa prochaine intervention médiatique prévue dans les jours à venir.

L’une des principales mesures destinées à rassurer les partenaires devrait être l’instauration d’une gestion unifiée du budget. En effet, les ressources extérieures étaient jusqu’ici gérées de manière distincte, sans aucun système d’information centralisé. Ces ressources devraient désormais être intégrées au budget, aussi bien pour la programmation que pour l’exécution. Cela, selon notre source, devrait rassurer les investisseurs en leur offrant plus de visibilité sur l’utilisation de ces fonds. Une autre mesure forte sera la restructuration et la gestion unifiée de la dette, avec le recrutement de profils qualifiés.

Ces pratiques à l’origine du déficit

Selon notre source, en prenant l’initiative de révéler le scandale après un audit approfondi, les nouvelles autorités ont envoyé « un signal fort » aux investisseurs et partenaires du Sénégal. Ainsi, même si les marchés réagissent initialement de manière négative, notre source pense que les mesures fortes évoquées permettront de rétablir la confiance une fois mises en œuvre.

Concernant l’origine du déficit, notre source revient sur certaines pratiques dont elle a été témoin ces dernières années au ministère des Finances. Elle révèle que pour maintenir un déficit budgétaire proche de 3 %, le ministre des Finances de l’époque demandait à ses équipes de manipuler les chiffres des ressources extérieures. Ainsi, rien qu’en 2023, le ministère avait déclaré entre 600 et 700 milliards de FCFA de ressources extérieures, alors que le montant réel dépassait les 1 200 milliards de FCFA. Parfois, le FMI découvrait ces manœuvres par triangulation, comme en 2018, lorsqu’il a constaté un dépassement de 300 milliards de FCFA entre les ressources extérieures reçues et celles déclarées. « Mais, si on insistait, le FMI finissait par céder, estimant que nous sommes, après tout, un pays souverain », avance notre informateur. Il trouve « étonnante » la manière dont les autorités ont réussi à tromper la vigilance du FMI durant ces quatre dernières années (2020-2023).

Quant à la dette cachée, elle résulte en partie, comme l’a révélé le Premier ministre lors de sa conférence de presse du 26 septembre dernier, des « offres spontanées » ainsi que des conventions signées avec des banques locales pour répondre à des besoins urgents de trésorerie. Ce phénomène s’est intensifié ces cinq dernières années, selon notre source. Concrètement, des entreprises étrangères, détentrices de lettres de garantie et soutenues par des banques étrangères, proposaient des créances à des entités publiques. Les fonds étaient ensuite convertis en FCFA et placés dans des banques locales, hors du circuit de contrôle budgétaire. Ce n’est qu’après la prestation de services et le règlement des « débours » que ces créances devenaient une dette publique.

« En général, ces entités informaient le ministre des Finances, qui donnait sa garantie et gérait directement ces dossiers avec son cabinet. Il en allait de même pour les besoins de trésorerie ou pour les conventions de prêt, signées sans l’aval du Comité national de la dette publique (CNDP), par le ministre des Finances de l’époque. La liquidité était ensuite directement versée, sans passer par le Trésor », précise notre source. Il ajoute : « Naturellement, cette liquidité n’était pas destinée à résoudre les problèmes urgents des Sénégalais, mais plutôt à entretenir une clientèle politique et même médiatique. Lors de la programmation budgétaire, il demandait de mettre de côté la dette bancaire, ce qui permettait d’alléger le ratio de la dette ».

Ces fonds « extrabudgétaires et extra-comptables », a expliqué le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, ont conduit à un supplément de dette non déclarée de 1 892 milliards de FCFA, soit 10 % du PIB.

Source: Le soleil

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