Naufrage Pirogue à Mbour:Le président Diomaye appelle à la responsabilité

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Après son traditionnel ziar à Médina Baye, le Président de la République s’est rendu à Mbour, lieu du naufrage de la pirogue qui a causé la mort de plus de 30 personnes. Sur place, le Président de la République a exprimé à la nation toute sa douleur et sa solidarité envers les familles ayant perdu leurs proches dans ce drame, ainsi qu’à l’ensemble du peuple sénégalais. Il a également indiqué que l’État prendra toutes les dispositions nécessaires pour traquer « ces marchands d’illusions ». Il a par ailleurs annoncé la mise en place d’un numéro vert pour dénoncer, dit-il, ces « exploitants d’êtres humains

Voici l’intégralité de son discours à Mbour

Je voudrais dire à l’endroit du peuple sénégalais, à l’ensemble de mes compatriotes, que c’est avec une immense tristesse que je me tiens ici aujourd’hui. Face à cette tragédie humaine qui nous bouleverse tous, la nation est en deuil, et la situation est particulièrement insoutenable. Je voudrais, au nom de cette nation, la nation sénégalaise, présenter mes condoléances aux familles endeuillées et leur exprimer toute la solidarité de l’État et de l’ensemble du gouvernement face à la tragédie qui les frappe et qui nous frappe tous.

Ce qui est arrivé ici à Mbour, et ailleurs sur les côtes du Sénégal, est le fait de filières de migration qui sont, il faut le dire, dans le trafic d’êtres humains, exploitant le désespoir de notre jeunesse et leur vendant le rêve d’un avenir meilleur. Mais je voudrais dire que la traque sans répit contre ces vendeurs d’illusions, ces vendeurs de la mort, va s’intensifier dès à présent. Il y a quelques jours, la semaine passée pour être précis, s’est achevée une opération appelée « Djoko », qui a été menée conjointement pendant plus d’un mois par la gendarmerie, la police, et même l’armée, qui est entrée en action, et qui a permis de faire échouer un projet migratoire impliquant 690 jeunes appréhendés au moment de leur départ.

Ceci montre que le gouvernement est en train de combattre ce phénomène et continuera à s’attaquer à ces filières, à ces vendeurs d’illusions, ces marchands de la mort, jusqu’à leur dernier retranchement. Mais il faut, de notre côté, appeler à la responsabilité, et dire à ces jeunes que les pays vers lesquels ils se dirigent sont des pays qui ont été construits par des êtres humains, des citoyens qui ont cru au changement dans leur propre pays et qui ont réussi à faire de ce pays ce qui les y attire, au risque de la mort.

Il nous appartient à tous, hommes et femmes, jeunes et adultes, gouvernants et citoyens, de nous unir autour d’un projet de construction de ce pays et de croire en l’espoir, de croire à la possibilité de changer, par nous-mêmes et pour nous-mêmes, le visage de notre pays. Le gouvernement travaille d’arrache-pied pour mettre en œuvre des politiques publiques adéquates, afin de donner du travail aux jeunes ici, au Sénégal, et de les inviter à la reconstruction de notre pays. C’est notre responsabilité à tous.

Je voudrais aussi appeler les familles à mettre moins de pression sur ces jeunes. La pression positive est compréhensible de la part des parents sur les plus jeunes, mais elle ne doit pas aller au-delà de la motivation à travailler, à se serrer la ceinture, à y croire, et à faire preuve d’endurance dans les difficultés, mais ici, au Sénégal.

Elle ne doit pas conduire à prendre le risque suicidaire de braver les vagues. Il n’y a que la mort qui s’offre comme alternative lorsqu’on entreprend un voyage aussi périlleux. Le gouvernement continuera à mettre tout en œuvre pour déployer des politiques qui permettent aux jeunes de travailler.

Encore faudrait-il que ces jeunes comprennent qu’il n’y a pas de solution miracle. Les métiers que beaucoup d’entre eux exercent ici sont les mêmes qu’ils cherchent à exercer ailleurs, voire même des métiers moins valorisés. S’il ne s’agissait que de jeunes sans emploi, on pourrait dire que c’est le chômage et le désir de se réaliser. On comprend leur désarroi, mais certains ont déjà un travail et choisissent malgré tout d’arrêter de travailler pour tenter leur chance sur les flots. Cela ne peut être une option.

Je voudrais également appeler à la solidarité des populations. Dans les prochains jours, le gouvernement mettra en place un numéro vert, car il est impossible que des départs se produisent sans que certains soient au courant. Ils ne doivent pas se taire, car leur silence condamne des centaines de jeunes à perdre la vie, alors que ces jeunes sont ceux qui doivent reconstruire le pays, ceux qui constituent l’espoir de demain.

Les forces de l’ordre font un travail remarquable et vont encore intensifier leurs efforts. Mais il est crucial que, lorsque ce numéro vert sera mis en place, les populations dénoncent les filières de migration et tous ceux qui conçoivent de jeunes vers les vagues de la mort. À défaut, il sera extrêmement difficile de combattre ce phénomène. Il faut que les jeunes et les populations comprennent que la situation qui a poussé des jeunes à prendre la mer pendant des années ne peut pas être résolue du jour au lendemain. Il faut du temps pour que les solutions mises en place portent leurs fruits et que leurs effets positifs se fassent ressentir.

Entre-temps, il nous faut prendre notre destin en main en tant que Sénégalais, ici au Sénégal, et ne pas fuir les difficultés et les défis qui s’imposent à nous. Voilà ce que je voulais dire en réitérant toute ma compassion et la solidarité du gouvernement à l’ensemble du peuple sénégalais, ainsi qu’à toutes les familles endeuillées par cette tragédie.

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