Elu en novembre dernier, Donald Trump a prêté serment ce lundi 20 janvier 2025 au Capitol devant un parterre de 700 invités. Le désormais 47e Président des Etats-Unis propose un nouveau rêve américain et un nouveau deal : accélération technologique et richesse financière d’une part ; souverainisme militarisé et protection identitaire de l’autre. Cet alliage complexe – que nous avions appelé accélération réactionnaire – avait un corpus : aujourd’hui il a un discours fondateur.
Le discours d’investiture de Donald Trump, le plus long en nombre de mots depuis celui d’Herbert Hoover en 1929, dépasse largement la longueur des discours prononcés depuis un siècle. Son ampleur reflète l’ambition d’un programme radical et qui se veut sans précédent, porté par une rhétorique messianique et une vision nationaliste : « L’âge d’or de l’Amérique commence aujourd’hui. Les États-Unis se considéreront à nouveau comme une nation en pleine croissance, une nation qui accroît sa richesse, étend son territoire, construit ses villes, élève ses attentes et porte son drapeau vers de nouveaux et magnifiques horizons. Et nous poursuivrons notre destinée manifeste vers les étoiles, en lançant des astronautes américains pour planter les étoiles et les rayures sur la planète Mars ».
Trump s’est appuyé sur le programme exceptionnel des 100 premières heures de sa présidence pour proposer une doctrine pratique de la coalition paradoxale qui l’a porté au pouvoir, en lui permettant de gagner le vote populaire, en obtenant le vote de l’establishment et de l’électorat plus périphérique géographiquement, socialement et culturellement.
Malgré la promesse d’une purge et d’une refonte radicale de l’État – par le nouveau DOGE dirigé par Elon Musk -, Trump a, à plusieurs reprises, évoqué « le pouvoir immense de l’État fédéral », en se proposant de faire de l’urgence sa méthode et la clef de voûte de son gouvernement, il se projette clairement dans une présidence impériale : « Aujourd’hui, je signerai une série de décrets historiques. Avec l’ensemble de ces actes, nous commencerons la restauration complète de l’Amérique et la révolution du bon sens ».
Qu’il s’agisse de sécuriser les frontières, de réformer l’économie ou de garantir l’indépendance énergétique, il promet une approche exceptionnelle : toute entrée illégale sera arrêtée immédiatement, avec le renvoi de « millions et millions d’étrangers criminels vers les endroits d’où ils viennent ».
Trump ambitionne aussi de restaurer les fondements « naturels » de la société américaine, proclamant que « dès aujourd’hui, ce sera la politique officielle du gouvernement des États-Unis qu’il n’existe que deux genres : masculin et féminin », tout en forgeant « une société aveugle aux couleurs et fondée sur le mérite ».
Trump puise aux sources imaginaires du rêve américain, de la frontière, des promesses de l’abondance et de la richesse afin de relancer les États-Unis dans leur statut de plus grande puissance au monde et inspirer « l’admiration et l’émerveillement du monde entier ». Acteur autoproclamé du renouveau civilisationnel, il appelle les Américains à agir « avec le courage, la vigueur et la vitalité de la plus grande civilisation de l’histoire ».
Dans la droite ligne de la doctrine Mar-a-Lago, Trump redonne une actualité au mythe fondateur de la Frontière. Dans un passage particulièrement éloquent – Trump n’improvise pas mais lit chaque mot sur un prompteur – il relie explicitement le modèle politique du pays à une représentation géographique fondée sur la conquête : « L’esprit de la Frontière est gravé dans nos cœurs. L’appel de la prochaine grande aventure résonne au plus profond de nos âmes. Nos ancêtres américains ont transformé un petit groupe de colonies au bord d’un vaste continent en une République puissante composée des citoyens les plus extraordinaires sur Terre ».
(Source : LeGrandContinent)