Programmes de campagne pour la présidentielle de mars 2024 : Les candidats ne comptent pas sur les médias pour la transformation sociétale du Sénégal

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Tous les candidats sont d’accord sur la promotion des valeurs qui cimentent les différentes couches de la société sénégalaise, la citoyenneté, le civisme entre autres. Mais apparemment, ils ne prennent pas assez en compte le rôle des médias dans ce processus. Presque seul le candidat Serigne Mboup avance clairement dans son programme l’importance des médias dans un tel chantier. Ainsi, le leader du mouvement « And Nawle And Liggey » promet « la mise en place d’une chaine TV digitale publique pour les enfants avec des thèmes centrés sur nos valeurs culturelles nationales ». Mieux, l’homme d’affaires qui a d’ailleurs un groupe de presse, Univers médias, prévoit, « une meilleure régulation des programmes des chaînes de télévision et radiodiffusion publiques et privées, afin de promouvoir les valeurs nationales et le patrimoine culturel et artistique national ».

A côté de Mboup, le Professeur Daouda Ndiaye qui veut « incorporer la promotion du changement mental et la préservation des valeurs spirituelles parmi les objectifs officiels du gouvernement », va pour sa part doubler l’aide à la presse pour dit-il « mieux accompagner la presse ». Dans ce même sillage, Khalifa Sall met sur la table, « l’adoption d’une réglementation pour les médias digitaux ».

Thierno Alassane Sall parle de cinéma avec le lancement de « Senewood » pour « dynamiser le secteur audiovisuel sénégalais, avec un accent sur la modernisation des infrastructures, la formation professionnelle et la promotion internationale du cinéma local ». Le journaliste et candidat n’a pas fait la différence dans son domaine, Pape Djibril Fall fait du cinéma comme Thierno Alassane Sall en soulignant juste « la réduction de l’espace culturel aux séries TV véhiculant des messages pernicieux à la construction citoyenne ».

Les deux coalitions sous le feu des projecteurs, « Diomaye Président » et « Benno Bokk Yakaar » n’ont pas décliné leurs ambitions pour le secteur des médias. Pourtant les chantiers sont vastes. Ils vont du cadre réglementaire adéquat, le Code la presse ne faisant pas l’unanimité, à l’assainissement du secteur en passant par les difficiles conditions de travail, la formation. Mais surtout un environnement économique propice au développement des entreprises de presse. Cela va certainement signer la fin « des cadeaux ponctuels » comme celui de ce lundi 18 mars 2024 offert à la presse par le chef de l’Etat, l’effacement des impôts et taxes dus par les entreprises de presse jusqu’en décembre 2023 de même que la réduction d’un million à 500 milles la taxe mensuelle que les télés et radios versent mensuellement à la Télédiffusion du Sénégal (TDS SA) pour leur diffusion sur la TNT. Des décisions prises lors d’une rencontre entre le président de la République et des membres du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS). Une audience dans un contexte de campagne, le timing n’est pas bon selon certains.

Sous son magistère, Macky Sall a collaboré avec plusieurs journalistes qui n’ont pas fait le plaidoyer nécessaire en faveur de la presse. Il y a bien sûr des avancées dans le public. Le Soleil et l’Aps ne font plus la UNE des journaux pour des revendications. La RTS va briller de mille feux ce mercredi 20 mars 2024 avec l’inauguration de sa Tour qui a coûté 33 milliards de FCFA.

Syndicats, associations professionnelles, les doyens, la jeune génération, tout le monde doit se retrouver, se battre pour des entreprises viables, cadres d’épanouissement des professionnels des médias. La liberté a un prix. Et c’est seulement ainsi que le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) va de moins en moins faire des injonctions aux journalistes auteurs « de pratiques en porte-à-faux avec l’éthique et la déontologie journalistiques ». Parce que les enjeux de l’heure seront l’affaire des journalistes et c’est à travers la presse qu’on posera les véritables débats pour l’émergence du Sénégal. Et au détour, la confiance entre la presse et le public va se rétablir pour le grand bien de la crédibilité des professionnels des médias.

Ndiaga Diouf

Journaliste

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