Dans un contexte politique marqué par des tensions et des attentes déçues, l’activiste Abdou Karim Guèye, plus connu sous le nom de Xrum Xax, a annoncé la création de son nouveau mouvement, « Rappel à l’Ordre ». À cette occasion, il a sévèrement critiqué l’actuelle gouvernance du Sénégal sous l’égide du parti Pastef, affirmant que la situation du pays s’est détériorée depuis l’accession au pouvoir d’Ousmane Sonko.
Prenant la parole devant ses sympathisants, Abdou Karim Guèye n’a pas mâché ses mots pour comparer l’actuel gouvernement à celui de l’ancien président Macky Sall, contre lequel il s’était pourtant vigoureusement opposé par le passé.« Ce que nous avions sous Macky Sall était mieux que la situation actuelle. Les membres du nouveau régime ne sont ni des anti-systèmes, ni des révolutionnaires, encore moins des réformateurs. Alors, que sont-ils vraiment ? », s’est-il interrogé.
L’activiste déplore un manque d’initiatives concrètes et une gestion qu’il juge inefficace, reprochant aux dirigeants actuels d’être davantage préoccupés par des déplacements à l’étranger que par des réformes substantielles. « Ils n’ont rien accompli de concret, et leurs voyages à l’étranger sont restés sans résultats. Ils passent leur temps à inaugurer les réalisations de Macky Sall. Bien sûr, l’État est une continuité, mais je croyais fermement que Macky Sall n’était pas un président sur qui le Sénégal pouvait compter… Pourtant, aujourd’hui, l’attitude de Pastef me surprend complètement », se désole l’activiste engagé.
Ce revirement de perception illustre la déception d’une partie de la société civile, qui attendait de profonds changements avec l’arrivée au pouvoir d’Ousmane Sonko et de son équipe. Au-delà du bilan qu’il juge insuffisant, Abdou Karim Guèye critique une posture paradoxale de l’actuel régime, qu’il accuse de vouloir conserver une posture d’opposants tout en exerçant une autorité qu’il assimile à une forme de dictature.
« Ils veulent perpétuer leur rôle d’opposants tout en nous imposant une forme de dictature… Ousmane Sonko et Pastef sont incapables de diriger le Sénégal », dit-il dans un propos tranchant qui traduit une « désillusion » grandissante vis-à-vis d’un pouvoir qui avait « promis le renouveau » et la « rupture » avec les anciennes pratiques politiques.
Un combat contre la loi d’amnistie
Par ailleurs, Abdou Karim Guèye a profité de cette tribune pour annoncer son engagement ferme contre la loi d’amnistie adoptée par l’Assemblée nationale en 2024 et que le régime de Pastef veut perpétuer, regrette-t-il, au lieu de l’annuler purement et simple comme le souhaite le peuple Sénégalais. Il considère cette « loi comme une entrave à la justice » et un « déni des droits des victimes des violences politiques des dernières années ».
« Notre combat, c’est l’annulation de cette loi d’amnistie. Nous nous battrons pour une justice équitable, pour le respect des Sénégalais, pour que chaque citoyen puisse s’identifier à son pays et bénéficier de ses richesses. Ce nouveau régime fait preuve d’une méchanceté inédite », charge Xrum Xax.
Dans cette dynamique contestataire, le leader de « Rappel à l’Ordre » a lancé un appel à une « mobilisation massive » devant l’Assemblée nationale le 2 avril prochain, jour du vote de la loi interprétation proposée par Pastef pour revisiter la loi d’amnistie de 2024. « Le peuple exige l’annulation de cette loi. Nous invitons tous les Sénégalais, et particulièrement les jeunes, à se rassembler devant l’hémicycle ce jour-là. Pastef ne peut pas nous interdire de manifester : c’est un droit constitutionnel », dit-il.
Cet appel s’inscrit dans une volonté de peser sur les décisions gouvernementales et de rappeler aux autorités que la rue reste un acteur politique incontournable au Sénégal. Reste à voir si cette contestation prendra de l’ampleur dans les jours à venir et si elle sera suivie d’effets concrets sur la scène politique nationale.
Raune
