ABDOU KARIM SARR ALIAS SAHAD SARR SUR SON NOUVEL OPUS « C’est une ode à l’Afrique de l’Ouest et aux Révolutions »

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Abdou Karim Sarr, à l’état civil, plus connu sous le nom de Sahad Sarr ou tout simplement Sahad, est auteur-compositeur, guitariste, chanteur et fondateur du groupe Sahad and The Nataal Patchwork. Finaliste du prestigieux Prix Découvertes RFI, l’artiste vient de sortir un nouvel album intitulé African West Station. Fruit de longues années de travail, de recherche, de composition et de production passionnée, cet opus mêle jazz, afrobeat, folk, blues et funk. Depuis la France où il réside, le frère de l’écrivain Felwine Sarr revient sur la quintessence de cette œuvre.

 

Vous venez de sortir un nouvel album. Pouvez-vous revenir sur la composition musicale de cet opus riche en sonorités ?

Après trois albums acclamés, je propose un projet plus puissant et plus mûr : African West Station. C’est une véritable odyssée musicale qui traverse les frontières du temps et de l’espace, reliant l’âme vibrante de l’Afrique de l’Ouest au reste du monde. Bien plus qu’un simple album, c’est une célébration de notre histoire et de nos luttes, une recherche sonore de ce qui lie les peuples à leur liberté, à leur puissance, à leurs expressions et surtout à ce qui les rassemble. African West Station, c’est une ode à l’Afrique de l’Ouest et aux révolutions.

Expliquez-nous le choix du titre de l’album…

Avec African West Station, je plonge dans les racines culturelles de l’Afrique de l’Ouest, cette terre où chaque rythme raconte une histoire et où chaque mélodie porte une mémoire collective. Mais ce voyage n’est pas figé dans le passé. J’ai imaginé une station radio : une Afrique contemporaine, funk et cosmopolite, un syncrétisme des arts, des langues et des musiques. C’est une fréquence thérapeutique postcoloniale. African West Station devient un poste d’écoute générationnel, une référence pour toutes ces réappropriations culturelles : la rythmique de l’inspiration, l’Afrique de l’aspiration.

 

Vous évoquez aussi les luttes de figures de l’Afrique de l’Ouest comme Thomas Sankara ou Sékou Touré. Quelle est la démarche derrière ce choix ?

L’album s’inspire de plusieurs références. Dans Yabon Banania, par exemple, je dénonce la France-Afrique et j’évoque les propos de Cheikh Anta Diop : « Le colonisé ou l’ex-colonisé est cet esclave du XXIe siècle qui, une fois libéré, reste au pied de la porte et retourne vers son maître, faute de savoir où aller ». Ma démarche est de remettre en lumière nos symboles et nos héros, ces figures qui ont osé “shot the sheriff”, qui se sont battues, contrairement à certains dirigeants actuels qui s’accrochent au pouvoir comme Paul Biya, Alassane Ouattara ou Macky Sall à l’époque où je composais l’album.

Yabon Banania dénonce ces Africains soumis, toujours en quête de reconnaissance du maître. Nous, notre génération, portons la mission de la réparation. Mais pour y parvenir, il nous faut comprendre nos récits, mesurer l’impact de la colonisation sur nos imaginaires et tisser des liens entre peuples.
Nous ne sommes plus colonisés, mais nous portons encore le poids de la colonisation. Jusqu’à quand ? Et à qui cela profite-t-il ? Voilà pourquoi nos luttes sont essentielles. La jeunesse africaine compte : nous sommes le continent du futur, à condition d’en prendre conscience, ici et maintenant.

Chérifa

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