La crise dans l’enseignement supérieur sénégalais connaît un nouvel épisode avec une passe d’armes entre le Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES) et le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Alors que le secteur traverse une période d’instabilité, le SAES dénonce les déclarations du ministre et l’absence de négociations sérieuses sur les revendications des enseignants-chercheurs.
Dans un communiqué publié ce 15 février 2025, le SAES réfute catégoriquement les propos du ministre Abdourahmane Diouf, qui a insinué que le syndicat « négocie avec ses supérieurs » et qu’il serait responsable de la « perte du décret » modifiant l’allocation spéciale de retraite des enseignants-chercheurs. Le SAES rappelle que le MESRI lui-même avait admis, dans un précédent communiqué, que ce décret était « mystérieusement perdu dans les méandres de l’administration ». Le syndicat s’interroge : « Quel ministre croire ? ».
Le SAES rejette toute responsabilité dans cette situation et souligne que le décret en question n’a jamais été présenté par ses soins au Conseil des ministres. « Comment le SAES peut-il perdre un décret qu’il n’a pas présenté au Conseil des ministres ? », s’interroge le syndicat.
Le syndicat précise qu’il n’a eu qu’un seul entretien avec le Premier ministre, le 13 décembre 2024, sur demande du MESRI, qui aurait lui-même reconnu « ses limites » dans la gestion de ce dossier. Cette réunion a fait l’objet d’un procès-verbal signé le 17 décembre par le Ministre Secrétaire général du Gouvernement et le Secrétaire général du SAES.
Le SAES critique l’attitude d’Abdourahmane Diouf, l’accusant de privilégier « les sorties médiatiques comme méthode de résolution des problèmes de l’enseignement supérieur à la place de négociations sérieuses ». Le syndicat estime que cette posture confirme « la rupture unilatérale du dialogue avec le SAES » et compromet « la stabilité du secteur ».
Dans ce contexte, le SAES alerte l’opinion publique sur les risques que fait peser cette situation sur le calendrier académique. Malgré sa volonté de trouver une issue favorable, le syndicat estime que « le mépris et le dilatoire du MESRI compromettent sérieusement la stabilité du sous-secteur de l’enseignement supérieur ».
Enfin, le SAES réaffirme sa détermination à défendre « la dignité des familles des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés ». Il prévient qu’« aucune responsabilité ne pourrait lui être imputée sur les conséquences désastreuses du dilatoire du Ministre de tutelle et du Gouvernement sur la stabilisation du calendrier académique ».
Alors que la crise s’enlise, le bras de fer entre le SAES et le MESRI pourrait avoir des répercussions importantes sur la suite de l’année universitaire.