Le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye a jugé ce mardi plusieurs commerçantes accusées de vente illégale de produits censés augmenter le volume des fesses. Parmi elles, Alima Fall, alias « Alima Suppo », considérée comme la principale mise en cause, risque trois ans de prison ferme. Le verdict sera rendu ce vendredi 7 février.
L’affaire a éclaté après une enquête sur la commercialisation de crèmes, sirops et suppositoires artisanaux prétendument destinés à augmenter le volume des fesses et des jambes. Devant la barre, les commerçantes ont nié toute intention frauduleuse, affirmant ignorer que la vente de ces produits était interdite.
Maty Mbaye, 27 ans, propriétaire d’une boutique cosmétique, a reconnu vendre ces articles tout en assurant qu’ils étaient naturels. « Je les utilise moi-même et je les achète à Keur Serigne Bi », a-t-elle expliqué, précisant qu’elle avait appris à les fabriquer via YouTube.
De son côté, Alima Fall, 23 ans, qui dirige la boutique « Lima Skin », a détaillé son activité : « Je vends des pommades pour fesses, dont certaines que je fabrique moi-même. Ces produits n’ont aucun effet néfaste. Les résultats varient selon les personnes ». Elle a toutefois admis avoir autrefois commercialisé des suppositoires, d’où son surnom « Alima Suppo ».
La pharmacienne Amina Diop a témoigné sur les circonstances de l’arrestation. Selon elle, les investigations ont révélé la présence de produits non étiquetés dans les boutiques des prévenues, ce qui constitue un trafic illicite de médicaments. « Les produits saisis n’ont pas encore été analysés, mais ils sont considérés comme interdits. Cependant, nous n’avons pas identifié de victimes », a-t-elle déclaré.
L’enquête a également permis de mettre en cause Haoussou Ndiaye, qui vendait des compléments alimentaires et des médicaments comme l’Advil sans autorisation. Les employées d’Alima Fall ont nié toute responsabilité, affirmant qu’elles se contentaient de vendre les produits de leur patronne.
Placées sous mandat de dépôt depuis le 29 janvier, les prévenues sont poursuivies pour association de malfaiteurs, mise en danger de la vie d’autrui, vente illégale de produits pharmaceutiques, exercice illégal de la profession de pharmacien, usurpation de fonction et publicité illégale de produits interdits.
Estimant que les faits exposaient les clients à un « risque immédiat de mort », le procureur a requis trois ans de prison ferme contre Alima Fall, deux ans contre Maty Mbaye et Haoussou Ndiaye, et un an contre les employées et le livreur Pape Ibrahima Guèye. Il a également demandé des amendes de 300.000, 200.000 et 100.000 FCFA selon les cas.
Les avocats de la défense, parmi lesquels Me Djiby Diallo et Me Tidiane Diallo, ont plaidé la clémence du tribunal, soulignant l’absence de preuves scientifiques établissant la dangerosité des produits.
Le délibéré est attendu ce vendredi 7 février.