L’ancien ministre de la Jeunesse sous Macky Sall, aujourd’hui coordinateur national des cadres républicains, Papa Malick Ndour, a été empêché d’embarquer samedi soir à bord d’un vol d’Air Sénégal à destination de Paris. Il devait y présider une rencontre des cadres de l’Alliance pour la République (APR).
Selon nos informations, M. Ndour avait pourtant accompli toutes les formalités de la Police de l’air et des frontières (PAF) et obtenu le feu vert pour embarquer. Son passeport lui aurait d’abord été retiré sans qu’aucune interdiction de sortie du territoire ne soit enregistrée à son nom. Saisi, le juge d’instruction concerné aurait d’ailleurs confirmé qu’aucun motif juridique ne justifiait une telle mesure.
Après restitution de son passeport, l’ancien ministre avait regagné la salle d’embarquement, avant que les agents ne reviennent quelques minutes plus tard, cette fois munis d’une lettre d’opposition signée par le ministre de l’Intérieur, Me Bamba Cissé. Papa Malick Ndour a alors été contraint de remettre ses bagages à son chauffeur avant d’être conduit au commissariat spécial de l’aéroport, puis remis à la Section de recherches de Colobane. Sur place il lui a été notifié une interdiction de sortie du territoire, avant qu’une notification à se présenter devant les gendarmes lundi à 10 heures ne soit transmise.
Si les motifs officiels de cette mesure restent flous, certains observateurs évoquent un lien possible avec l’audition récente de Papa Abdoulaye Touré, qui accuse Papa Malick Ndour d’avoir commandité des violences lors des troubles politiques de 2023. Cette audition pourrait avoir servi de fondement à la décision du ministre de l’Intérieur, jugée par plusieurs proches de l’APR comme un « artifice juridique » destiné à neutraliser une voix critique du régime.
Depuis plusieurs mois, Papa Malick Ndour s’est imposé comme l’un des plus virulents opposants au gouvernement actuel, particulièrement sur les questions économiques et budgétaires. Sa interdiction de sortie du territoire, dans un contexte de crispation politique, relance le débat sur l’usage des prérogatives ministérielles à des fins politiques.



