L’USAID, l’Agence américaine pour le développement international, est en état de choc. Lundi matin, ses 1 200 employés à Washington ont découvert un email leur interdisant de se rendre au bureau. Les locaux étaient scellés, les systèmes informatiques bloqués, et son site internet hors service.
Cette paralysie soudaine est l’œuvre d’Elon Musk, chargé par Donald Trump de réduire drastiquement les dépenses publiques via le nouveau département de « l’efficacité gouvernementale » (DOGE).
Dimanche soir, sur son réseau social X, Elon Musk a qualifié l’USAID d’ “organisation criminelle”, affirmant qu’il était “temps pour elle de mourir”. Quelques heures plus tard, l’administration Trump passait à l’action : fermeture immédiate et mise à pied des hauts responsables.
Karoline Leavitt, la nouvelle porte-parole de la Maison Blanche, justifie cette décision par des dépenses jugées « absurdes », citant notamment un financement de 1,5 million de dollars pour la diversité en Serbie ou encore 47 000 dollars pour un opéra transgenre en Colombie.
Face au chaos, le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé que l’USAID passerait désormais sous son autorité. Il accuse l’agence d’ “insubordination” et de financer des projets contraires aux intérêts de la politique étrangère américaine. ” Cela doit cesser et cela doit prendre fin “, a-t-il martelé, dénonçant une agence qui se comporte comme une ” entité indépendante “.
Fondée en 1961 sous John F. Kennedy, l’USAID repose sur une loi du Congrès. Sa fermeture unilatérale par l’administration Trump soulève de sérieuses questions légales. L’opposition démocrate crie au “coup de force” et s’alarme de la toute-puissance d’Elon Musk, qui contrôle désormais plusieurs rouages critiques du gouvernement. “Personne n’a élu Elon Musk “, s’insurge la sénatrice Elizabeth Warren. Même Donald Trump a dû clarifier son autorité : ” Elon Musk ne peut rien faire sans mon accord. “
Avec près de 65 milliards de dollars d’aide en 2023, les États-Unis sont le premier contributeur mondial. La suspension soudaine des financements a déjà contraint de nombreuses ONG à réduire ou arrêter leurs programmes. Solidarité Internationale, qui dépend en grande partie des fonds américains, doit suspendre son aide à l’agriculture au Mozambique. Alima, ONG médicale, a reçu cinq ordres de suspension pour des projets humanitaires au Cameroun, au Tchad, en Haïti et au Mali.
Les ONG s’inquiètent de l’impact à long terme. “Cela met en péril des milliers de bénéficiaires et menace des organisations locales déjà fragiles”, alerte Kevin Goldberg, directeur général de Solidarité Internationale.
L’absence de directives claires plonge l’ensemble du secteur humanitaire dans l’incertitude. Si les États-Unis se désengagent durablement, qui prendra le relais ? L’Union européenne, qui contribue moins de la moitié de l’aide américaine, pourra-t-elle compenser ? La fermeture de l’USAID ne se limite pas à une réorganisation budgétaire : elle pourrait redéfinir l’équilibre global de l’aide internationale.
Raune
