Aïssata Tall Sall critique vigoureusement la loi de finances rectificative

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Lors des débats parlementaires sur la loi de finances rectificative (LFR), l’ex-ministre de la Justice et députée, Aïssata Tall Sall, a vivement dénoncé ce qu’elle considère comme des dérives graves. Selon elle, cette loi enfreint les principes fondamentaux de la gestion budgétaire et financière.

Pour Aïssata Tall Sall, la LFR aurait dû corriger les insuffisances de la loi de finances initiale. Cependant, elle souligne une première « violation de l’orthodoxie financière » : des dépenses ont été engagées avant l’adoption de la loi. Parmi elles figurent les 20 milliards destinés aux élections, déjà dépensés alors que leur approbation n’avait pas encore été votée par l’Assemblée nationale. « C’est comme si un enfant prenait 10 000 francs dans la poche de son père, les dépensait, puis revenait demander à son père de les lui prêter », a-t-elle illustré.

La députée pointe une seconde anomalie : l’augmentation des dépenses de fonctionnement, malgré une réduction annoncée des recettes et un déficit budgétaire croissant. « Vous consacrez 1676 milliards aux dépenses de fonctionnement, contre 1571 milliards auparavant, soit une hausse de 194 milliards », a-t-elle déclaré. Ces dépenses, qu’elle qualifie de « dépenses de prestige », concernent selon elle le confort et les privilèges du gouvernement.

Dans le même temps, les dépenses d’investissement, essentielles au développement, subissent des coupes drastiques. Cela explique, selon elle, l’arrêt de nombreux chantiers à travers le pays, notamment à Matam.

Enfin, Aïssata Tall Sall estime que la LFR est « illégale » car elle ne respecte pas les délais prévus par la loi organique encadrant les finances publiques. « La loi devait être présentée en cours d’exercice. Or, nous sommes à quatre jours ouvrés de la fin de l’année », a-t-elle martelé, dénonçant un manque de rigueur et d’anticipation de la part du gouvernement.

Pour conclure, l’ex-ministre s’est interrogée sur les projections budgétaires annoncées par le ministre des Finances. Elle a relevé une incohérence entre les prévisions de réduction du déficit budgétaire à 3 % en 2027 et celles inscrites dans le projet « Sénégal 2050 », où cet objectif serait atteint dès l’année prochaine.

Face à ces critiques acerbes, le gouvernement devra fournir des réponses convaincantes pour défendre la légalité et la pertinence de cette loi de finances rectificative.

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