Arrestation de Mohamed Amra : Le criminel s’était rendu à Bucarest pour y subir une opération de chirurgie esthétique

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Mohamed Amra avait loué un appartement au nord de Bucarest, dans le quartier périphérique de Voluntari, et comptait devenir méconnaissable pour disparaître définitivement des radars des autorités.

Quand ils ont retrouvé la trace de Mohamed Amra en Roumanie, les enquêteurs français exploitaient, parmi d’autres, cette hypothèse : le criminel le plus recherché de France, qui s’est évadé il y a neuf mois au péage d’Incarville, dans l’Eure, se serait précisément rendu à Bucarest pour y subir une opération de chirurgie esthétique.

Ce dimanche, devant un juge de la cour d’appel de la capitale roumaine, celui que l’on surnomme « La Mouche » a confirmé ce soupçon, d’après nos informations. Pour l’heure, la nature des opérations qu’il devait subir n’est pas connue, mais celles-ci permettent d’imaginer que le narcotrafiquant, dont la cavale a été interrompue hier au terme d’une traque de longue haleine, comptait ainsi disparaître définitivement des radars des autorités.

Pour cette raison, Mohamed Amra avait loué un appartement au nord de Bucarest, dans le quartier périphérique de Voluntari, et comptait y séjourner un certain temps. Samedi, il se rendait dans le centre-ville de la capitale roumaine en taxi, aux abords du centre commercial Promenada, quand il a été arrêté par des policiers sans encombre.

Quelques heures plus tard, alors que son arrestation était rendue publique par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le visage de l’ennemi public n°1 apparaissait dans une séquence filmée, les traits grimés derrière une grosse paire de lunettes, les cheveux teints d’un roux vif. Il a depuis été remis aux services de police de la capitale chargés de la criminalité organisée, et a passé sa première nuit en garde à vue, avant d’être présenté à un magistrat de la cour d’appel, à la fin du week-end, pour statuer sur sa détention provisoire à Bucarest.

En parallèle, la traque s’est accélérée à d’autres endroits du territoire européen : en Espagne, et en France, où dix personnes, suspectées d’êtres complices de l’évasion d’Amra, ont été interpellées puis placées en garde à vue. D’après nos informations, plusieurs d’entre elles se déroulent à Rouen, où Mohamed Amra a grandi, et dans ses environs.

Le narcotrafiquant remis par la Roumanie aux autorités françaises

L’ennemi public numéro un français Mohamed Amra, dit « La Mouche », a été remis aux autorités françaises, ce mardi 25 février, après neuf mois de cavale. Le narcotrafiquant a été escorté à l’aéroport de Bucarest par un convoi des forces spéciales de la police roumaine et a traversé le hall, menottes aux poignets, avec un large sourire aux lèvres et la même teinture rousse qui avait surpris lors de son arrestation samedi.

Le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie française, a pris le relais dans l’avion pour le ramener en France. Le multirécidiviste de 30 ans avait accepté dimanche son renvoi en France avant de contester en vain sa détention. « Comme il conteste sa culpabilité » et qu’il « est victime d’une erreur judiciaire », « nous avons fait appel pour qu’il soit libéré », avait précisé à l’AFP son avocate, Maria Marcu, avant son renvoi du pays.

Mohamed Amra a été arrêté samedi en Roumanie où il vivait avec de faux papiers depuis le 8 février, après avoir été installé par des complices dans un appartement de la banlieue de Bucarest, selon la police roumaine. « L’hypothèse la plus probable » est qu’il soit resté en France jusqu’à son départ en Roumanie début février, a confié une source proche de l’enquête lundi à l’AFP. Mohamed Amra attendait de faire de la chirurgie esthétique avant de fuir en Colombie, sans toutefois avoir encore entrepris de démarches concrètes, selon les autorités roumaines.

Selon la procureure de Paris, Laure Beccuau, une réunion a eu lieu lundi pour étudier dans quelle prison française il serait incarcéré à son retour. « Gérald Darmanin a demandé que Mohamed Amra soit placé dans un quartier d’isolement, dans un établissement pénitentiaire présentant un très haut niveau de sécurité », a souligné de son côté l’entourage du ministre français de la Justice.

Son évasion datait du 14 mai 2024, lorsque le détenu avait été extrait de sa cellule en Normandie, dans l’ouest de la France, pour être amené à un juge d’instruction qui devait l’interroger. Un commando en avait alors profité pour attaquer à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut le fourgon dans lequel il se trouvait, tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois autres.

Trois jours après son arrestation en Roumanie, 22 personnes se trouvent toujours en garde à vue en France, a indiqué Laure Beccuau mardi matin. Deux Français ont été arrêtés au Maroc et un autre homme en Espagne. « Un certain nombre de membres du commando pourraient se trouver au sein de ces gardes à vue », a poursuivi Laure Beccuau. «L’ensemble des auditions permettront de crédibiliser ou pas les pistes que nous avons pu construire ».

Selon elle, « dans son environnement, il y a effectivement un certain nombre de personnes qui peuvent appartenir » à la « Black Mafia Family », une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de stupéfiants, « dont l’activité mérite d’être creusée ». Selon une source proche du dossier, deux nouvelles interpellations ont eu lieu en France dans la nuit de lundi à mardi.

Preuve du caractère hors norme de l’enquête sur son évasion : tout au long de sa cavale, « 100 à 150 » enquêteurs de la police judiciaire ont travaillé au quotidien sur ce dossier devenu symbole de l’emprise du narcotrafic en France, a rappelé lundi Christian Sainte, le patron de la police judiciaire.

(Source : LeFigaro et France24)

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