Arrêt de l’appui de l’État aux clubs : Toutes les Fédérations frappées par la mesure d’austérité de Khady Dièye Gaye

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La lettre N°0000286/MJSC/SG/DSHN/SP, en date du 7 février 2025, adressée par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture à la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), annonçait que l’État ne prendrait désormais plus en charge financièrement les clubs engagés dans les compétitions africaines interclubs. Toutefois, selon nos sources au sein du ministère des Sports, cette mesure d’austérité, mise en place par Mme Khady Dièye Gaye, ne concerne pas uniquement le football, mais l’ensemble des fédérations sportives sous la tutelle de son département.

Autrement dit, l’État du Sénégal a décidé qu’aucun club sénégalais engagé sur la scène internationale ne bénéficiera dorénavant d’un soutien financier ou matériel. Cette suppression d’un acquis datant de près de trois décennies est justifiée par des contraintes budgétaires, selon les explications du ministère des Sports. Et d’ailleurs, on a eu un signe avant-coureur de cette décision lors de la Coupe d’Afrique des clubs champions de basket que l’ASC Ville de Dakar a accueillie en décembre dernier. Le club de la capitale n’a pas reçu le moindre soutien de l’Etat. Même la remise en état du stadium Marius Ndiaye, une infrastructure pourtant sous la tutelle du ministère des Sports, a été à la charge de la ville de Dakar.

Ainsi, lorsque la FSF a informé ses clubs membres et les présidents de ligues régionales de football de cette décision, en précisant que « trois autres fédérations sœurs » étaient également concernées, elle ignorait l’ampleur réelle de la mesure. En réalité, cette restriction s’applique de manière générale aux quelque cinquante fédérations reconnues par l’État. Désormais, l’appui gouvernemental se limitera exclusivement aux sélections nationales. Cependant, l’État semble négliger un aspect fondamental : sans clubs, il ne peut y avoir d’équipes nationales performantes.

Une charge supplémentaire pénalisante pour les clubs

Dans sa note circulaire adressée aux clubs et aux présidents de ligues, la FSF précisait que : « Madame la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a informé la Fédération Sénégalaise de Football, ainsi que trois autres fédérations nationales sœurs, qu’au regard des nouvelles orientations relatives à la gestion des compétitions internationales, les ressources budgétaires seront exclusivement destinées à la prise en charge de nos différentes équipes nationales et que, par conséquent, les charges des clubs engagés en compétitions africaines interclubs ne seront plus supportées par l’État ».

Jusqu’ici, dans le domaine du football, le ministère des Sports prenait en charge uniquement les frais de l’équipe nationale A du Sénégal et offrait 25 billets d’avion aux clubs engagés en coupes africaines interclubs. Toutes les autres sélections étaient financièrement gérées par la FSF depuis plus d’une décennie.

Avec cette nouvelle décision, les clubs africains – au nombre de deux ces dernières années pour le football – devront désormais assumer seuls l’intégralité des coûts liés à leurs déplacements internationaux. Cette charge supplémentaire, dans un contexte où les billets d’avion sont particulièrement onéreux et où les déplacements en Afrique restent difficiles, risque d’avoir des conséquences désastreuses sur les finances, déjà précaires, des clubs sénégalais.

Risque de désengagement des clubs Sénégalais

Face à ce désengagement de l’État, les clubs sénégalais, qui dépendent de fédérations aux moyens très limités, risquent fort de ne plus pouvoir s’engager sur la scène continentale. À l’exception notable de la Fédération Sénégalaise de Football, qui soutient ses clubs à travers d’importantes subventions, la plupart des autres fédérations ne disposent pas des ressources nécessaires pour pallier l’absence de soutien gouvernemental.

Dès lors, il est probable que de nombreux clubs renoncent à participer aux compétitions africaines, faute de moyens. Il leur sera même impossible de puiser dans les maigres budgets mobilisés difficilement par leurs dirigeants pour les compétitions nationales. En réalité, il leur sera presque impossible d’assumer les frais des déplacements à l’étranger.

En vérité, cette décision gouvernementale équivaut à un retrait de facto des clubs sénégalais – toutes disciplines confondues – des compétitions africaines. Une situation préoccupante qui risque d’affaiblir encore davantage un sport sénégalais déjà en difficulté et qui, avec cette nouvelle donne, touche véritablement le fond.

Raune

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