Le Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) procède, ce mercredi 12 mars, au renouvellement de ses membres siégeant au Conseil de la FIFA. Parmi les candidats, Me Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) et premier vice-président de la CAF, ambitionne d’intégrer cette instance de gouvernance mondiale. Dans un entretien avec Le Soleil, il revient sur les motivations de sa candidature, ses chances de succès et l’importance pour le Sénégal d’être représenté à ce niveau décisionnel.
Me Augustin Senghor estime que son parcours et son expérience au sein des instances du football africain justifient pleinement sa candidature. Il rappelle qu’il occupe actuellement un mandat au Comité exécutif de la CAF, renouvelé en 2023 jusqu’en 2027, et qu’il a exercé plusieurs fonctions importantes, notamment à la tête de commissions disciplinaires, juridiques et d’organisation des compétitions, avant de devenir premier vice-président de la CAF.
« J’ai décidé de briguer ce poste de membre africain du Conseil de la FIFA pour apporter mon expérience, mes compétences et mon vécu à la consolidation du football africain, mais aussi pour contribuer au développement du football mondial aux côtés du président de la CAF, Patrice Motsepe, et du président de la FIFA, Gianni Infantino. Ce qu’on peut dire de ma candidature, c’est qu’elle est légitime. Elle est aussi, à mon sens, quelque chose qui paraît logique, au regard de ce que représente le Sénégal dans le giron du football continental », explique-t-il dans un entretien accordé au quotidien national Le Soleil.
Il souligne en effet que le Sénégal, malgré son statut de nation majeure du football africain, n’a jamais été représenté au sein du Conseil de la FIFA. « C’est étonnant que notre pays n’ait jamais siégé dans cette instance alors qu’il est reconnu comme une référence en matière de football. Aujourd’hui, nous avons prouvé notre valeur avec un palmarès qui nous permet de revendiquer légitimement une place. Nous ne sommes certes pas le pays le plus riche d’Afrique, mais quand on parle de football depuis des années, même avant que nous ne gagnions ces nombreux trophées il y a deux ans, le Sénégal était cité comme une référence. Il manquait juste ce palmarès que nous avons fini de constituer. Et je pense que le Sénégal, en tant que pays de football, mérite aujourd’hui de siéger à la Fifa, dans cette instance de décision pour apporter sa touche, sa contribution », affirme-t-il.
Me Senghor se dit confiant quant à ses chances d’être élu, malgré la concurrence d’une dizaine de candidats issus des six zones régionales de la CAF. « Je bénéficie d’une certaine légitimité et d’une reconnaissance de mes pairs au sein de la Confédération. Et si c’est cela qui doit faire la différence, je suis persuadé que la majorité des membres de la Caf, donc des présidents de fédérations essentiellement, mais aussi des autres membres des fédérations sœurs, voteront Augustin Senghor. Ils connaissent mon cursus et savent que parmi ceux qui sont candidats, je peux, sans prétention aucune, dire que même s’il y a cinq places à distribuer, ce serait une grande surprise si effectivement mon élection ne se concrétisait pas », dit-il.
« Je pense que mes chances sont intactes. Si donc tout se passe normalement et qu’il y ait des élections démocratiques, je n’ai pas de doute que je devrais pouvoir être élu à l’une des places. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de considération pour les autres candidats qui ont aussi un background, un vécu, un pedigree qui peuvent leur permettre d’aspirer à siéger au Conseil de la Fifa », assure-t-il.
Concernant les rumeurs d’un « protocole de Nouakchott » qui aurait favorisé certains candidats, il dément toute implication. « Moi-même j’étais à Nouakchott sur invitation de mon frère Ahmed Yahya dans le cadre de l’inauguration de l’Académie des Talents de la Fifa. J’y ai passé deux jours, mais je n’ai pas été au courant d’un protocole. Je n’y ai pas été associé, donc, je ne peux pas commenter. Et comme je le disais, nous sommes une confédération mature », éclaire Senghor.
« L’un des points nodaux de nos statuts, comme ceux de la Fifa, c’est le caractère démocratique des organisations sportives et je ne suis pas sûr que, quel que soit le rayonnement, l’influence de certaines personnalités ou de certains pays, on puisse parler d’un protocole qui puisse favoriser d’autres quand ils n’ont pas la légitimité et ne remplissent pas les critères pour aller dans une instance aussi importante au nom de l’Afrique. Tout comme ils ne peuvent pas d’emblée écarter d’autres candidats qui ont déposé leur candidature, qui peuvent se prévaloir de pouvoir passer et qui ont passé le contrôle d’éligibilité de la Fifa ou de la Caf pour qu’ils puissent se présenter. Donc je peux dire aujourd’hui que je ne suis pas informé de ce protocole de la Caf dont on parle et je n’en suis pas membre, s’il existe », lâche-t-il.
Par ailleurs, Augustin Senghor affirme avoir le soutien des autorités sénégalaises dans cette démarche. « Cette candidature a été mûrie au sein du Comité exécutif de la FSF et validée par le ministère des Sports. Lors d’une rencontre avec Madame le Ministre, je lui ai présenté ce projet et elle m’a encouragé à poursuivre dans cette voie. Donc, je peux confirmer effectivement qu’à travers elle, l’État du Sénégal nous accompagne dans ce travail, étant entendu que ce n’est pas une candidature à un poste de président de la Caf ou de la Fifa, mais pour un poste de simple membre dans cette instance. Je considère donc que ce soutien des autorités ne nous fait pas défaut parce qu’au final, en siégeant dans cette instance », confie-t-il.
Pour lui, cette ambition s’inscrit dans une vision plus large du rayonnement du football sénégalais. « Nous avons prouvé notre valeur sur le terrain en remportant plusieurs titres et en nous qualifiant pour toutes les compétitions majeures de 2025. Il est temps maintenant d’être présents aussi au niveau des instances de décision. L’influence se joue autant sur le terrain que dans les bureaux », souligne-t-il.
Il rappelle que Fatma Samoura, ancienne Secrétaire générale de la FIFA, a été une première figure sénégalaise à occuper un poste de haut niveau au sein de l’instance mondiale. « Avoir aujourd’hui un membre élu au sein du Conseil de la FIFA serait une avancée majeure pour le Sénégal », conclut-il.
L’élection au Conseil de la FIFA représente une nouvelle étape dans l’ascension du football sénégalais sur la scène mondiale. Si Me Augustin Senghor est élu, cela renforcerait non seulement la position du Sénégal au sein des instances du football international, mais cela ouvrirait aussi la voie à une influence accrue dans les décisions qui façonnent l’avenir du football mondial.
Raune