De retour du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, dimanche soir, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a réagi avec fermeté au rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et 2024. Cet audit met en lumière de nombreux manquements dans la gouvernance financière du pays. Pour le chef de l’État, cette initiative marque une nouvelle ère de transparence et de responsabilité, où chaque gouvernement devra rendre des comptes.
Dans une déclaration à son arrivée à Dakar, Bassirou Diomaye Faye a souligné que l’audit de la Cour des Comptes n’a « rien d’exceptionnel », mais relève d’une « stricte application de la loi sur la transparence de 2012 ». « Ce n’est pas une habitude, mais désormais, tout gouvernement devra savoir qu’à la fin, les comptes seront faits », a-t-il déclaré avec fermeté.
Selon le président de la République, « cette démarche s’inscrit dans une logique de gouvernance responsable ». « Sur le rapport de la Cour des Comptes, j’en fais deux lectures. La première : c’est la loi qui nous le recommande. Puisque nous sommes inscrits dans la transparence, il était impératif de réaliser cet audit. Et nous nous devons de donner le bon exemple. Je pense que cela servira de leçon, et même mes successeurs à l’avenir s’inscriront dans cette logique », a-t-il affirmé.
« Depuis 2018, nous avions alerté sur la trajectoire que prenaient les finances publiques »
Pour Bassirou Diomaye Faye, la publication de ce rapport doit devenir une norme dans le processus démocratique du pays. « Ce n’est ni un miracle, ni une prouesse. À la limite, cela doit relever de la banalité. Les Sénégalais seront désormais informés de la réalité des finances publiques qu’ils nous ont confiées », a-t-il insisté, rappelant que cet audit couvre la gestion de l’État sous le régime précédent, de 2019 à mars 2024.
« Ceux qui nous ont suivis savent que, depuis 2018, nous avions alerté sur la trajectoire que prenaient les finances publiques au Sénégal, notamment en ce qui concerne le dépassement des ressources externes. Après mon élection, avant même que je ne prête serment, j’avais reçu certaines personnes qui avaient des responsabilités dans le pays pour parer au plus pressé face aux urgences et évaluer l’état des comptes. De ces échanges, un terme est apparu : dette cachée. Quand nous avons demandé des explications, on nous a détaillé de quoi il s’agissait. Nous en avons tiré toutes les conséquences et avons procédé à l’audit », révèle-t-il.
Il insiste sur le fait que le rapport de la Cour des Comptes révèle plusieurs irrégularités inquiétantes, notamment des emprunts contractés sans transparence et des dépenses non conformes aux normes établies. « L’examen des comptes met en lumière une gestion non conforme aux règles en vigueur, marquée par un manque de transparence et des emprunts contractés sans en informer le peuple, alors que cela relevait d’une obligation. Aujourd’hui, nous vivons cette situation, qui illustre des pratiques aux antipodes de l’orthodoxie en matière de gestion des finances publiques. Par devoir, nous en avons informé notre mandant principal, à savoir le peuple sénégalais », a ajouté le président Faye.
Il a également dénoncé cette augmentation préoccupante de la dette publique sous l’ancien régime. « La dette est exponentielle, la marge de manœuvre est très réduite et nos ambitions sont énormes », a-t-il constaté. Cette situation a considérablement freiné certaines initiatives du gouvernement actuel. « Ce rapport a mis à nu des manigances et des manipulations dans la gestion des fonds publics », a-t-il ajouté, pointant du doigt la gestion hasardeuse de ses prédécesseurs, qui bloque aujourd’hui le pays.
« Plus que jamais, je demeure optimiste quant à la recherche de solutions »
Face à ces défis, Bassirou Diomaye Faye a assuré que son gouvernement est résolument engagé dans la remise en ordre des finances publiques. « Nos engagements à mener ce pays vers de meilleures perspectives sont renforcés. Il s’agit de réformes qui seront mises en place le plus rapidement possible pour éviter qu’à l’avenir des gouvernants irresponsables puissent reproduire ces erreurs. Évidemment, il va de soi que jamais je ne procéderai de cette manière », a-t-il affirmé.
Malgré ce tableau alarmant, il a tenu à rassurer les Sénégalais quant à la détermination de l’Exécutif à résoudre les difficultés économiques du pays. « Que les Sénégalais sachent que nous sommes mille fois engagés à trouver des solutions aux difficultés auxquelles ils sont confrontés. Je leur demande de nous faire confiance. Que midi, matin et soir, nuit et jour, nous soyons constamment en quête de solutions. Et aujourd’hui plus que jamais, je demeure optimiste quant au fait que des solutions seront trouvées. Les difficultés sont réelles, mais nous les transformerons en opportunités », a-t-il conclu.