Blanchiment d’argent : Comment Le GIABA espère freiner les flux illicites en Afrique de l’Ouest

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À Dakar, les 26 et 27 août 2025, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a réuni les ambassadeurs des États membres, des partenaires techniques et financiers, mais aussi des journalistes, à l’occasion de sa 8ᵉ session annuelle d’information. Une rencontre marquée par une innovation majeure : l’implication directe des professionnels des médias dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT).

Conscient du rôle clé de la presse dans la sensibilisation et le contrôle citoyen, le GIABA veut bâtir une alliance durable avec les journalistes. « Notre objectif est d’éduquer le public sur les conséquences néfastes de ces crimes financiers, de promouvoir une gouvernance plus transparente et de renforcer la diffusion de l’information sur les dispositifs de LBC/FT », explique Emil Meddy, chargé de recherche et de documentation au sein de l’institution.

L’idée est claire : transformer les journalistes en relais stratégiques pour vulgariser les mécanismes de lutte, mais aussi en acteurs d’investigation capables de dévoiler les réseaux qui alimentent les circuits illicites. Pour ce faire, le GIABA a lancé un programme de formation et d’accompagnement, avec à la clé la mise en place d’un réseau régional de journalistes spécialisés.

Une hémorragie financière pour l’Afrique

Au-delà de l’aspect pédagogique, la session a été l’occasion de présenter le rapport annuel 2024 du GIABA. Les chiffres donnent la mesure de l’urgence : chaque année, environ 88,6 milliards de dollars s’évaporent du continent sous forme de flux financiers illicites. Cela représente 3,7% du produit intérieur brut africain, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Ces capitaux qui échappent aux économies nationales privent les États de ressources cruciales pour financer l’éducation, la santé ou encore les infrastructures. Ils nourrissent en parallèle des réseaux criminels et, parfois, des groupes terroristes, contribuant à fragiliser encore davantage des régions déjà instables.

Une stratégie régionale renforcée

Face à cette réalité, le GIABA multiplie les initiatives. Ses responsables estiment que la lutte ne peut se gagner uniquement dans les cénacles institutionnels ou techniques. Elle exige une mobilisation citoyenne et une vigilance accrue de l’opinion publique. Les journalistes, en tant que gardiens de l’information et vecteurs d’alerte, apparaissent comme des partenaires incontournables.

Cette 8ᵉ session d’information, au-delà des bilans et rapports, marque donc un tournant. Elle ouvre une nouvelle ère où la presse devient un pilier de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, au même titre que les institutions financières, les autorités judiciaires et les gouvernements.

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