Cinq jours après les violentes manifestations qui ont éclaté à la suite de la proclamation de la victoire de Paul Biya à la présidentielle, le Cameroun reste sous tension. Dans plusieurs grandes villes, notamment à Douala et Yaoundé, les familles vivent dans l’angoisse. Beaucoup recherchent encore leurs proches, arrêtés ou portés disparus lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

Une répression brutale

Les manifestations, déclenchées par des partisans de l’opposition contestant les résultats du scrutin, ont été rapidement dispersées par les forces de sécurité. Des témoins évoquent l’usage massif de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et, dans certains cas, de tirs à balles réelles. Plusieurs blessés ont été signalés, tandis que de nombreux manifestants ont été interpellés.

 “Depuis ce jour, je n’ai plus de nouvelles de mon frère”, confie Marie, une habitante de Douala. « Nous avons cherché dans les commissariats et les hôpitaux, sans succès. On nous dit d’attendre, mais personne ne nous donne de réponse. »

À la recherche d’informations

À Douala, les familles se rassemblent chaque jour devant la prison centrale de New Bell, espérant obtenir des nouvelles. Certaines arpentent également les couloirs des hôpitaux publics, notamment Laquintinie, dans l’espoir de retrouver un parent blessé ou d’identifier un corps.

Des associations de défense des droits humains dénoncent une « répression disproportionnée » et alertent sur les conditions de détention des personnes arrêtées. Selon elles, plusieurs centaines de manifestants seraient actuellement détenus sans accès à un avocat.

Le silence des autorités

Pour l’heure, les autorités camerounaises n’ont pas publié de bilan officiel des arrestations ni des victimes. Le gouvernement se félicite plutôt d’avoir « rétabli l’ordre » et accuse l’opposition d’avoir incité à la violence.

Du côté des partis d’opposition, la contestation reste vive. Le principal rival de Paul Biya a appelé à la libération immédiate des détenus et à une enquête indépendante sur les violences.

Une tension persistante

À Douala comme à Yaoundé, la présence policière demeure visible. Les rassemblements publics sont interdits et de nombreuses rues restent sous surveillance. Pour les familles, l’attente devient insupportable. « Nous voulons juste savoir s’ils sont vivants », murmure un père, les yeux rougis par la fatigue.

Alors que le pays semble se refermer dans un climat de peur et de méfiance, la question des droits humains et de la liberté d’expression se pose une nouvelle fois avec acuité au Cameroun.

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