Crise dans l’éducation : Le SAEMSS et le CUSEMS haussent le ton face à l’inaction du gouvernement

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Trois ans après la signature des accords du 26 février 2022 entre le gouvernement sénégalais et les syndicats de l’éducation, la mise en œuvre des engagements tarde toujours à se concrétiser. Face à cette situation, le Syndicat Autonome des Enseignants du Moyen Secondaire du Sénégal (SAEMSS) et le Cadre Unitaire Syndical des Enseignants du Moyen et du Secondaire (CUSEMS) ont tenu une conférence de presse pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une indifférence des nouvelles autorités aux revendications des enseignants.

Depuis la présidentielle de mars 2024 et les législatives de novembre de la même année, le Sénégal est entré dans une nouvelle ère politique. Pourtant, selon le G2 (SAEMSS et CUSEMS), le changement de régime n’a pas apporté d’avancées notables dans la mise en œuvre des accords signés sous le gouvernement précédent. Pire, les syndicats dénoncent un « mutisme total » des autorités sur des questions essentielles comme le statut des enseignants, leur carrière, la rémunération et les conditions de travail.

Parmi les engagements non tenus, les syndicats citent notamment la digitalisation des procédures administratives pour accélérer le traitement des dossiers des enseignants, la finalisation de la révision du statut des enseignants dits « décisionnaires » et l’amélioration de leur pension de retraite, l’équité salariale pour tous les agents de la fonction publique du secteur éducatif. Egalement, les questions toujours en attente de la formation diplômante des enseignants en attente, notamment les chargés de cours et les titulaires de diplômes spéciaux, le règlement des prêts au logement et des rappels salariaux dus aux enseignants et la remise effective des titres de propriété des parcelles attribuées aux syndicats.

Malgré des alertes répétées, les syndicats dénoncent l’inaccessibilité des nouvelles autorités, le blocage du dialogue social et une série de licenciements jugés abusifs dans le secteur public. Le SAEMSS et le CUSEMS pointent du doigt ce qu’ils qualifient de stratégie de « saupoudrage » dans la gestion des engagements pris par l’État. Lors de la réunion du Comité de suivi des accords du 13 janvier 2025, les syndicats avaient été conviés pour discuter de la révision des décrets n° 2006-392 du 27 avril 2006 et n° 74-347 du 12 avril 1974, censés permettre l’intégration de certains enseignants dans les corps de la fonction publique. Cependant, après cette annonce, le gouvernement aurait choisi de rester silencieux sur le sujet.

En outre, les syndicats dénoncent une gestion « cavalière et solitaire » du ministère de l’Éducation nationale, qui prendrait des décisions stratégiques sans consulter les représentants du personnel. Un exemple frappant est le projet de décret portant réorganisation des services du ministère, qui, selon les syndicats, aurait dû faire l’objet d’une concertation.

Face à cette situation, le G2 exige des mesures immédiates pour éviter une crise dans le secteur éducatif. Parmi leurs principales revendications, la convocation en urgence du Comité de suivi pour assurer l’application des accords signés, l’accélération de la digitalisation des procédures administratives pour fluidifier la gestion des carrières. Aussi, la signature des projets de décrets pour régler définitivement la situation des enseignants décisionnaires, la correction du système de rémunération pour garantir l’équité salariale.

Autre exigence, c’est la mise en place d’une formation diplômante pour tous les enseignants concernés, le paiement des rappels dus aux enseignants et l’arrêt de la surimposition fiscale, le règlement des prêts au logement en suspens, l’examen des nouvelles revendications syndicales inscrites dans le préavis déposé par le SAEMSS et le CUSEMS.

Les syndicats mettent en garde le gouvernement contre toute tentative de remise en question des acquis obtenus après de longues luttes. Ils appellent l’ensemble des organisations syndicales du secteur éducatif – notamment le G7, le G20 et la FEDER – à se mobiliser pour défendre les intérêts des enseignants et à s’opposer à toute politique d’austérité qui pourrait nuire aux travailleurs.

Alors que l’année scolaire 2024-2025 est à mi-parcours, le spectre de nouvelles perturbations plane donc encore une nouvelle fois sur le système éducatif sénégalais. Si le gouvernement ne répond pas aux attentes des syndicats, la crise pourrait s’enliser, avec des conséquences lourdes sur l’éducation des élèves et la stabilité du pays.

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