Face à la dégradation de la note souveraine du Sénégal par Moody’s, le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko a choisi la fermeté. Loin de se résigner, les autorités dénoncent une décision « spéculative, subjective et biaisée », qu’elles jugent déconnectée de la réalité économique du pays.

Une posture offensive face à Moody’s

Pour l’exécutif, cette évaluation ne reflète ni les fondamentaux économiques du Sénégal, ni les efforts de redressemententrepris depuis l’alternance. Le gouvernement se veut rassurant et affirme que les bases de l’économie sénégalaise demeurent solides, malgré l’héritage budgétaire lourd laissé par le précédent régime.

Conscient de la gravité de la situation révélée par la Cour des comptes, Ousmane Sonko avait qualifié l’état des finances publiques de ” catastrophique et inquiétant”. Ainsi, il avait annoncé des mesures correctives en cours en réponse, de plusieurs mesures structurelles.  Il s’agissait de rationalisation des dépenses publiques pour réduire les gaspillages et améliorer l’efficacité budgétaire ; L’audit complet de la fonction publique d’ici fin avril, afin de connaître l’effectif réel et mettre fin aux doublons et emplois fictifs ; la poursuites judiciaires envisagées contre les auteurs présumés des « manquements graves » mis au jour par l’audit.

Le département dirigé par Cheikh Diba a pour sa part appelle Moody’s à davantage de rigueur, d’objectivité et de responsabilité dans ses analyses, en privilégiant des critères tangibles et des dates de publication ne laissant pas de doutes sur les intentions réelles derrière sa précipitation.

Contrairement à la notation alarmiste de Moody’s, le gouvernement du Sénégal évoque une robustesse des fondamentaux du Sénégal. Celle-ci se manifeste, dit-il, à travers la mobilisation réussie de financements diversifiés, illustrée par les importantes levées de fonds sur le marché régional. Ensuite, elle est perçue à travers une exécution budgétaire maîtrisée, conforme aux objectifs fixés par les autorités en matière de discipline et de consolidation des finances publiques.

Le ministère des Finances évoque un déficit de 588 milliards FCFA et un taux d’exécution des recettes de 50%, en fin juin. Ce qui est en droite ligne avec l’objectif de déficit de 7,8% du PIB visé pour l’année 2025, ouvrant la voie à l’atteinte de l’objectif de 5,0% du PIB en 2026, dit-il.

La robustesse des fondamentaux est aussi perçue, selon le ministère des Finances, à travers des perspectives de croissance économique dynamiques, portées par les réformes structurelles en cours, le développement du secteur énergétique et l’amélioration continue du climat des affaires, renforcé par l’adoption récente du nouveau Code des investissements.

« Le Sénégal demeure confiant dans la solidité de son économie et invite les partenaires et investisseurs à apprécier la situation réelle du pays sur la base d’informations fiables, d’analyses équilibrées et de faits objectifs», assure le ministère.

Vers une justice financière exemplaire

La Cour des comptes n’a pas mâché ses mots : les faits relevés pourraient constituer des fautes de gestion, gestions de fait ou infractions pénales. Cette déclaration ouvre la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires visant les responsables de la mauvaise gouvernance passée. Le gouvernement a déjà promis de laisser la justice suivre son cours, sans interférence politique.

Un chantier économique colossal

Le Sénégal se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire économique. Le nouveau pouvoir hérite d’un État aux marges budgétaires étroites, mais déterminé à rétablir la crédibilité du pays sur la scène internationale.

Les défis sont nombreux :

  • Rassurer les bailleurs et institutions financières internationales ;

  • Assainir les finances publiques sans compromettre les services essentiels ;

  • Préserver la croissance malgré un contexte budgétaire tendu ;

  • Renégocier avec le FMI et les partenaires dans des conditions moins favorables.

Transparence et rigueur comme boussole

Cette crise, aussi sévère soit-elle, pourrait devenir une opportunité de refondation. En misant sur la transparence, la reddition des comptes et la discipline budgétaire, les nouvelles autorités peuvent progressivement restaurer la confiance des investisseurs et des citoyens.

Mais le chemin s’annonce long et exigeant.
Le Sénégal joue désormais une partie décisive : convaincre le monde qu’il a tourné la page d’une gestion opaque et qu’il s’engage sur la voie de la rigueur, de la justice et de la responsabilité.

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