La relation entre la France et ses partenaires africains continue de traverser une zone de turbulences. Suite aux récents départs des troupes françaises de plusieurs pays africains, le Tchad, acteur clé dans la lutte contre le terrorisme dans la région sahélienne, a adressé une réponse cinglante au président français Emmanuel Macron.
Dans un contexte où le sentiment anti-français gagne du terrain sur le continent, les déclarations du président Macron sur le rôle de la France en Afrique ont suscité de vives réactions. N’Djamena, tout en rappelant sa souveraineté, a dénoncé ce qu’elle perçoit comme une attitude condescendante et paternaliste de la part de Paris.
En effet peu plus tôt dans la journée, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, avait quant à lui déploré les propos du président français dans un communiqué lu à la télévision nationale, rapporte la correspondante de RFI à Ndjamena, Nadia Ben Mahfoudh. ” Le gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains “, y déclare-t-il ainsi avant de demander aux “dirigeants français [d’]apprendre à respecter le peuple africain et [à] reconnaître la valeur de ses sacrifices” et de rappeler le ” rôle déterminant ” joué par l’Afrique et par le Tchad “dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales”. Leurs “sacrifices immenses” ont été “minimisés” sans qu’un “remerciement digne de ce nom n’ai été exprimé” assène Abderaman Koulamallah.
« Que la France respecte les décisions et la politique souveraine du peuple tchadien »
Dans son communiqué, le chef de la diplomatie tchadienne estime également qu’”en 60 ans de présence [au Tchad], […] la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien” avant de conclure en appelant Emmanuel Macron à se concentrer sur “la résolution des problèmes qui préoccupent le peuple français”.
Sur Tchadinfos, Aziz Mahamat Saleh, le ministre des Infrastructures, également en charge de la communication du Comité de désengagement des forces françaises au Tchad, a quant à lui demandé “à ce que la France respecte les décisions et la politique souveraine du peuple tchadien”. Revenant sur la décision prise par Ndjamena de rompre ses accords de défense avec Paris le 28 novembre dernier, celui-ci a par ailleurs expliqué qu’il s’agissait d’une “décision mûrement réfléchie […]. [Le président] n’a fait qu’appliquer la volonté souverainiste et chauviniste des Tchadiens”, a-t-il déclaré.
RFI