Les élections pour les sièges africains au Conseil de la FIFA – l’organe dirigeant du football mondial composé de 37 membres – se sont tenues ce mercredi 12 mars 2025 au Caire, en Égypte, lors de la 14ᵉ Assemblée Générale Extraordinaire de la Confédération Africaine de Football (CAF). Parmi les candidats en lice, le Sénégalais Augustin Senghor a subi une défaite surprenante, ne récoltant que 13 voix, loin derrière les cinq élus. Six postes étaient en compétition pour les 13 candidats, dont trois femmes qui se disputaient un seul siège.
Les résultats de ces élections révèlent une rupture inattendue qui laisse présager des remous dans le football africain. En effet, si l’Afrique arabophone est fortement représentée, l’Afrique anglophone disparaît de la carte. Dans le détail, le scrutin a confirmé l’omnipotence de Faouzi Lekjaa (Maroc), qui a frôlé le plébiscite avec 49 voix sur les 54 pays de la CAF. Il est suivi de l’Égyptien Hani Abou Rida et du général Djibrilla Hima Hamidou du Niger, qui ont chacun obtenu 35 voix.
Ahmed Yahya (Mauritanie) et Souleiman Waberi (Djibouti) complètent la liste des hommes élus avec 29 voix chacun. Quant au sixième et dernier poste, réservé à une femme, il revient à Kanizat Ibrahim des Comores (30 voix), devançant Lydia Nsekera du Burundi (13 voix) et Isha Johansen de la Sierra Leone (7 voix), qui sont donc recalées.
La déconvenue du Sénégal
Augustin Senghor, 1er vice-président de la CAF depuis 2021, fait partie des candidats recalés. Un véritable revers pour le Sénégal, d’autant plus inattendu au regard de son influence et de celle de son pays dans le football africain. Plus surprenant encore, Senghor n’a obtenu que 13 voix, un score très insuffisant pour espérer une élection. L’analyse de ce résultat montre qu’en dehors de la sous-région de l’UFOA A, dont il est issu et qui compte huit pays, il a récolté très peu de suffrages sur le reste du continent.
Les autres candidats non qualifiés sont Amaju Pinnick du Nigeria (28 voix), Andrew Kamanga de Zambie (19 voix), Idriss Yacine Diallo de Côte d’Ivoire (18 voix) et Mathurin de Chacus du Bénin, qui s’est retiré avant le vote.
L’effet du « Protocole de Nouakchott »
Avant ces élections, un consensus surnommé le « Protocole de Nouakchott » aurait été conclu entre certains dirigeants du football africain et la FIFA. Cet accord visait à écarter des dirigeants jugés peu dociles et réfractaires aux directives de Gianni Infantino, au profit de candidats favorables à l’Italo-Suisse, notamment issus des pays arabophones. Ce plan aurait été orchestré par Infantino lui-même, avec le soutien du Marocain Faouzi Lekjaa et probablement l’aval du président de la CAF, Patrice Motsepe.
L’objectif de ce protocole semblait clair : faire élire des candidats stratégiques pour garantir à Infantino des alliés au sein du Conseil de la FIFA. L’opération a finalement été un succès, permettant à l’Afrique arabophone de décrocher la moitié des sièges africains, tandis que le reste du continent se partage les trois places restantes.
Cette situation engendre toutefois une anomalie majeure : l’absence totale de l’Afrique anglophone dans la représentation. Ces élections illustrent ainsi les dynamiques complexes et les alliances stratégiques qui façonnent le football africain, parfois au détriment des intérêts du continent et du principe de compétence.
Raune