Emigration clandestine : Le maire de Dionewar arrêté et en instance de déférer au Parquet financier

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Lansana Sarr, maire de Dionewar et cadre à la Poste, a été arrêté et est en instance de déférer au Parquet financier de Dakar dans une affaire retentissante liée à l’émigration clandestine. Accusé d’avoir encaissé 2 millions de francs CFA d’un convoyeur de migrants, l’édile, pourtant connu pour ses prises de position publiques contre ce fléau, se retrouve au cœur d’un scandale qui ébranle la région.

L’affaire remonte à l’interception par les autorités de deux pirogues transportant 547 candidats à l’exil en haute mer, vendredi dernier. Cinq convoyeurs ont été interpellés, dont l’un a cité le nom de Lansana Sarr lors des interrogatoires. Selon ce dernier, la somme versée au maire devait servir à « corrompre des forces de l’ordre » pour assurer un passage sans entrave des embarcations. Une accusation corroborée par des relevés téléphoniques montrant des échanges fréquents entre l’élu et le convoyeur avant l’opération.

La défense du maire : un « fonds pour avocat » en cas d’échec

Face aux enquêteurs, Lansana Sarr a reconnu avoir reçu les 2 millions de francs CFA, mais conteste toute implication dans un réseau criminel. Il affirme que l’argent était destiné à financer un avocat « en cas d’échec du voyage ». Une justification jugée fragile par le parquet de Fatick, qui souligne l’absence de preuves tangibles étayant cette version. La multiplication des contacts avec le convoyeur, ainsi que le timing des transactions, plaident en faveur d’une implication active dans l’organisation du départ.

Le scandale s’est amplifié avec l’arrestation d’une habitante de Mbour, soupçonnée d’avoir reçu 5 millions de francs CFA d’un autre convoyeur. Ces éléments mettent en lumière les réseaux locaux qui facilitent l’émigration clandestine, souvent au péril de centaines de vies. Les autorités enquêtent désormais sur d’éventuelles collusions entre élus, intermédiaires et passeurs.

Si les accusations sont confirmées, cette affaire révèlerait une hypocrisie criante : des élus censés protéger leurs concitoyens participeraient à l’organisation de voyages périlleux vers l’Europe. Lansana Sarr, poursuivi pour « association de malfaiteurs en circonstances aggravantes », risque une lourde peine, mais aussi la fin de sa carrière politique.

Chérifa

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