Encore un report, encore une balafre dans la vitrine déjà lézardée d’une instance continentale qui traîne son blues et ses tares d’une session à une autre. Depuis que Motsepe Patrice préside aux destinées du Gouvernement du football africain, celui-ci semble assujetti aux désidératas de chocs exogènes. La non-maîtrise du calendrier international et les lenteurs dans l’exécution des travaux des enceintes prévues pour abriter l’Evénement, dans le ou les pays choisis, entre autres causes.
Un fait était constant sous le magistère pourtant, ô combien, décrié du défunt Issa Hayatou, le calendrier de sa compétition était respecté dans les délais. Malgré les pressions des clubs européens employeurs et des instances du vieux continent, il avait tenu ferme. Car, jamais il ne s’était aliéné les intérêts du football du continent, encore moins sa posture et son poste qu’il ne devait à personne.
Seulement, depuis que le sud-africain est aux commandes de l’instance, en dehors des reports, on disputera une CAN entre 2025 et 2026. Histoire de céder le terrain à la Fifa qui surcharge le calendrier international aux dépens du football africain. Dont les principaux dirigeants se la jouent diplomatiques, voire intermittents à la réalité. C’est à ce niveau que la CAF passe pour un nain.
Toutes les autres confédérations tiennent leurs compétitions à date échue, sauf l’instance continentale qui subit les sempiternels réaménagements du calendrier international, sans taper du poing sur la table. Elle opine de la tronche et s’en va trouver d’autres repères. Alors qu’il n’y a rien atavique, rien de subséquent dans son Adn (CAF) qui puisse justifier tel abandon, sinon faut juste une bonne dose de courage dans la préservation de ses intérêts. En se dotant d’un calendrier et de s’y tenir contre vents et marées – Hayatou l’a réussi-, de fidéliser la tenue de la manifestation avec régularité, le CHAN pourrait ainsi, dans ce sillage, fidéliser des annonceurs. Aussi faudrait-il peser de toute sa perspicacité
pour trouver place fixe et pérenne dans le calendrier international qui, pour le moment, se construit et se déconstruit sans le fait de la CAF. Une anomalie à vite réparer.
Attention aussi à la nécrose qui peut guetter les institutions de l’instance, à force d’avaler des couleuvres. Car, reporter une compétition comme le CHAN à la veille du tirage au sort relève d’une gymnastique sans aucune gracilité. Cette démarche est au syncrétisme de l’irrespect et de l’indolence pour les sélections qui étaient déjà à la besogne. A l’image des Lions locaux du Sénégal à qui, il a été demandé, le cœur serré, de quitter le centre de regroupement. Bien des sélections avaient aussi entamé leur stage. Circulez, rien à secouer!
Initialement prévue du 1 er au 28 février, la compétition est reportée jusqu’au mois d’août. Sans d’autres éléments de repères fixes. C’est ainsi que la CAF est rythmée, calibrée sous le magistère de Motsepe. Homme d’affaires prospère et ancien président du grand Mamelodi Sundowns (club sud-africain vainqueur de la ligue des champions CAF) sur qui, pourtant, de gros espoirs reposaient.
Hélas ! Le tirage s’est néanmoins déroulé hier (chiche), et a placé le Sénégal, tenant du titre, dans le groupe D avec le Congo, le Soudan et le Nigéria. Faut-il en pleurer ou en rire?
Assane Diallo