Entretien avec… Annie Coly Sané, auteure de « Dans la main de Dieu » : « Je suis revenue à la vie, une vraie ressuscitée »

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Une histoire est belle à raconter, mais elle est encore plus percutante lorsque celle qui la raconte l’a vécue. Annie Coly Sané revient de loin. Véritable miraculée après avoir survécu à un accident d’hélicoptère, elle s’est reconstruite, six ans après ce drame. Ancienne professeure de français et proviseure à la retraite, elle s’est relevée de sa maladie et vient de publier son livre « Dans la main de Dieu ». Dans une vidéo postée sur le site culturel Enligne, elle apparaît rayonnante dans son boubou traditionnel rose bonbon, assorti d’un foulard de la même couleur. Le visage sans fard ni maquillage, celle que l’on surnomme « l’amie de tous » revient sur son accident, son hospitalisation et sa relation avec le corps médical.


Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’écrire ce livre ? De quoi parle « Dans la main de Dieu » ?

Tout est parti d’une injonction intérieure après le crash aérien du 14 mars 2018, dont j’ai réchappé de justesse, entre la vie et la mort. Ce livre raconte mon séjour à l’hôpital. Mon fils avait pris l’habitude de noter au jour le jour tout ce qui se passait pendant mon hospitalisation, notamment dans le premier service qui m’a accueillie : l’unité des soins intensifs. Il consignait tout : les visites, les appels téléphoniques, les soins reçus… Quand j’ai pris connaissance de ses notes, je me suis dit que c’était une excellente base pour raconter ce que, moi, je ne pouvais me remémorer. Parce qu’en réalité, je n’avais aucun souvenir de ces premiers jours.

Quel est le genre littéraire de votre ouvrage ?

Au départ, je pensais écrire un roman. Mais comme je n’aime pas les récits trop longs, et que j’ai toujours préféré les nouvelles, je me suis lancée sans me poser de questions ni définir de genre précis. En suivant les notes de mon fils, je me suis naturellement retrouvée à marquer des dates et des moments clés de mon passage à l’hôpital. L’écriture s’est étalée sur plusieurs années, avec de longues pauses entrecoupées de moments de rédaction intense. Et au fil du travail, ce qui s’est imposé à moi était évident : c’était un journal. Ce n’est pas un récit chronologique de mon séjour à l’hôpital jour après jour, mais on y trouve des repères temporels précis, parfois des dates, d’autres fois des indications de moments marquants de mon vécu.

Comment avez-vous structuré votre récit ?

Ce livre suit une narration assez linéaire, car il reflète mon état mental au moment des faits. J’ai passé quinze jours en réanimation, plongée dans un brouillard total. Mon esprit oscillait entre visions, songes et bribes de réalité. Le récit commence donc par notre évacuation de l’hôpital régional de Kaolack jusqu’à notre arrivée à l’hôpital Principal de Dakar, où j’ai été prise en charge par les soins intensifs. Après quinze jours, j’ai été transférée dans le service « Ortho 2 » du Dr Koundoul, où j’ai commencé à reprendre conscience et à redécouvrir peu à peu mes sensations.

Comment avez-vous vécu ces deux mois d’hospitalisation avec le corps médical ?

J’ai vécu de très belles choses ! (elle sourit). C’est surprenant, car, d’ordinaire, un séjour à l’hôpital est synonyme de souffrance. Mais moi, j’y ai rencontré des soignants et des membres du personnel formidables. J’ai aussi eu la chance d’avoir des visiteurs qui m’ont rappelé à quel point la vie est belle. Ils m’apportaient des objets qui me faisaient plaisir, et ces petites attentions ont énormément compté pour moi. Je suis quelqu’un de très positif, de très optimiste. C’est à ce moment-là que je me suis dit : « Mais tu vis ! ».


À qui avez-vous pensé en écrivant ce livre ?

Une fois mon livre achevé, je n’ai pensé qu’à une chose : toutes ces personnes hospitalisées qui, alitées, ne savent pas à qui se confier, n’osent pas poser de questions ou ignorent ce qui les attend. J’ai également pensé aux médecins, qui sont sensibles à cette question. Ils parlent souvent du devoir d’empathie, et je dois dire qu’avec moi, la communication a été constante, tant avec le personnel médical qu’avec ma famille. Je rends grâce pour cela (elle murmure, les yeux levés vers le ciel).

Quel est le style du récit ?

Le récit alterne entre le présent et le passé. J’ai utilisé le présent pour plonger le lecteur dans les moments les plus intenses de mon hospitalisation. Mais c’est le passé qui domine, car j’ai déjà tourné la page. Je suis revenue à la vie… une vraie ressuscitée ! (elle éclate de rire, laissant apparaître un sourire radieux).

Chérifa

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