En marge de la 3e édition du CineFemFest, Festival de cinéma féministe prévu du 5 au 9 novembre 2025 à Dakar et Toubab Dialaw, une exposition photographique intitulée « Dooley Jigeen, Suuf ak Ndox » (La force des femmes, de la terre et de l’eau) se tient au Musée des Civilisations Noires (MCN). Cette exposition rend hommage à la mémoire, à la dignité et à la force des femmes, tout en célébrant leur lien profond et ancestral avec l’environnement.
Sous la direction curatoriale de Dr Rama Salla Dieng et Yaay Hawa Fall, l’exposition réunit les œuvres de Ina Makosi, Cheikh O. Diallo, Fatoumata Diabaté, Rama Salla Dieng, Aminata Jules Dia, Djibril Dramé et Mamy Hawa. Ensemble, ces artistes font dialoguer transmission, résistance et beauté des écosystèmes naturels, souvent menacés par la crise climatique.
Chaque image devient ainsi un témoignage de lutte pour la vie, la survie et les droits, tout en réaffirmant le lien vital entre les femmes, la Terre et l’Eau. Cette exposition se veut une déclaration universelle : elle rappelle que les combats des femmes sont indissociables de la défense du vivant et de l’équilibre entre l’humain et la nature.
Femmes, sources du monde et gardiennes du vivant
Selon Yaay Hawa Fall, photographe et commissaire principale de l’exposition, cette initiative est le fruit d’une collaboration artistique et intellectuelle avec Rama Salla Dieng, directrice du CineFemFest.
« Nous avons choisi les femmes parce qu’elles sont les sources, la base même du monde humain. Elles participent aussi à l’évolution du monde naturel », explique-t-elle. Pour elle, chaque œuvre présentée témoigne d’un combat. « Ces liens irriguent l’humanité et éclairent nos futurs communs », ajoute-t-elle.
L’exposition s’inscrit dans la continuité du CineFemFest, espace de réflexion, de création et de transmission porté par les voix, les mémoires et les résistances des femmes d’Afrique et de ses diasporas, comme le rappellent les organisatrices dans la brochure de présentation.
Œuvres et univers des artistes exposés
L’une des œuvres les plus remarquées, « Fusion », signée Yaay Hawa Fall, explore la relation intime entre l’humain et la nature.
Autodidacte, l’artiste s’inspire de son héritage familial et confie : « Dans un monde marqué par la rupture, l’exploitation et l’oubli, mon travail cherche à réaffirmer l’évidence de notre appartenance à ce vivant qui nous entoure et nous façonne ».
Rama Salla Dieng, lauréate du Prix Paula Kantor 2025 pour l’excellence en recherche, présente quant à elle une série intitulée « Walo », en référence à la terre cultivable du delta du fleuve Sénégal. « À travers ces images prises durant mes enquêtes, j’ai cherché à saisir non seulement la matérialité du travail agricole féminin, mais aussi la texture sociale, politique et émotionnelle qui relie les femmes à la terre qu’elles cultivent », explique-t-elle.
De son côté, Amina Jules Dia signe la série « Kan Foore », où se mêlent résistance, attente et voix intérieures. « Je suis de celles qui attendent. J’habite le silence qui vous habite, je vois les pirogues qui vous portent, je sais les vagues qui vous noient », confie-t-elle poétiquement.
Enfin, Fatoumata Diabaté dévoile sa collection « Le Rêve », un monde onirique inspiré de l’imaginaire malien. « Ce rêve m’a conduite à vouloir explorer l’interprétation des songes au Mali et à la traduire par la photographie », dit-elle.
Un festival engagé pour l’art, la démocratie et l’écologie
Le CineFemFest 2025, prévu du 5 au 9 novembre à Dakar et Toubab Dialaw, met à l’honneur le thème « Artivisme, Démocratie et Écologie ». Projections, débats, performances et ateliers célébreront l’activisme démocratique à travers la créativité artistique et la conscience écologique.
Plus qu’un simple festival, il s’agit d’un espace de réflexion et d’action où l’art devient un levier de transformation sociale et environnementale, porté par la voix des femmes du continent et de la diaspora.
(Source : L’Informé)




