Le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré lundi que les discussions sur un nouveau programme pour le Sénégal ne pourraient pas avancer tant que le gouvernement n’aurait pas réglé la question des fausses déclarations de données économiques essentielles sous l’administration précédente.
Le FMI a suspendu son accord de crédit de 1,8 milliard de dollars avec le Sénégal en attendant une revue des finances publiques, qui a confirmé le mois dernier que la dette et le déficit budgétaire étaient bien plus élevés que ce qu’avait rapporté l’administration de l’ancien président Macky Sall.
Dans une interview accordée à Reuters lundi à Dakar, Edward Gemayel, chef de mission du FMI, a déclaré que « tout est possible », sans toutefois s’engager sur un calendrier précis.
« Nous ne pouvons pas discuter d’un nouveau programme avant d’avoir réglé la question des fausses déclarations », a-t-il affirmé, tout en ajoutant qu’une fois cela fait, le FMI pourrait avancer « très, très rapidement ».
Lorsqu’on lui a demandé si le Sénégal risquait un événement de crédit tel qu’une restructuration, un rééchelonnement ou un défaut de paiement, Gemayel a répondu qu’il était « trop tôt pour se prononcer ».
Le mois dernier, la Cour des comptes du Sénégal a publié une revue très attendue des finances du pays, confirmant que l’ancien gouvernement avait fourni des chiffres inexacts sur la dette et le déficit. À la fin de 2023, la dette totale en cours représentait 99,67 % du produit intérieur brut (PIB), contre un chiffre précédemment annoncé de 74,41 %, selon le rapport de la Cour des comptes.
Réduction des subventions
Gemayel a également déclaré que la réduction des subventions à l’énergie serait un élément essentiel des réformes économiques sous l’administration actuelle du président Bassirou Diomaye Faye.
Depuis la pandémie de COVID-19, les subventions aux carburants ont « explosé » pour atteindre jusqu’à 4 % du PIB, a-t-il indiqué, ajoutant qu’elles devraient être progressivement supprimées.
« Le problème avec ces subventions, c’est qu’elles ne profitent pas aux ménages vulnérables », a-t-il expliqué.
“La majorité de ces subventions bénéficie aux ménages les plus riches.”
La mission du FMI au Sénégal vise à déterminer comment ces fausses déclarations ont eu lieu et quelles mesures le gouvernement prendra pour éviter qu’elles ne se reproduisent à l’avenir.
Selon Gemayel, un budget rectificatif intégrant les conclusions du rapport de la Cour des comptes pourrait être présenté au cours du deuxième ou du troisième trimestre de cette année.
Les revenus pétroliers et gaziers pourraient avoir un « impact très positif » sur le budget, le FMI estimant qu’ils représenteront en moyenne 1 % du PIB par an au cours des cinq prochaines années.
Le ministère sénégalais de l’Énergie a déclaré en janvier que le champ pétrolier et gazier offshore de Sangomar avait augmenté sa production de pétrole brut à 16,9 millions de barils en 2024, dépassant son objectif initial de 11,7 millions.
(Reuters)