Une annonce majeure secoue le paysage militaire et diplomatique franco-sénégalais. Un document officiel, émanant du général de brigade Yves Aunis, commandant des Éléments Français au Sénégal (EFS), notifie en effet le licenciement collectif de l’ensemble du personnel sénégalais employé par ces bases militaires.
Selon la lettre datée du 27 janvier 2025 et adressée à l’Inspecteur Régional du Travail de Dakar, cette décision fait suite aux déclarations du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye des 28 novembre et 31 décembre 2024. Le chef de l’État avait alors annoncé la fin de toutes les présences militaires étrangères au Sénégal à partir de 2025, incluant de facto la fermeture des bases françaises.
Ce licenciement concerne 162 employés sous contrat à durée indéterminée, incluant 12 délégués du personnel. Leur départ effectif est prévu pour le 1er juillet 2025. Mais l’effet domino de cette situation risque de toucher au total près d’un millier de Sénégal. Selon le syndicat des travailleurs des bases militaires Françaises, ce sont en effet environ 500 personnes, tous des Sénégalais employés par des sociétés prestataires de services, qui vont se retrouver au chômage du fait du départ de l’armée française.
En tout état de cause, le retrait des forces françaises du Sénégal marque une rupture historique. Présente depuis l’époque coloniale, l’armée française a joué un rôle stratégique en matière de coopération militaire et de défense, au lendemain des indépendances. Cette décision illustre toutefois une volonté d’autonomie militaire et diplomatique du Sénégal, dans un contexte où plusieurs pays africains réclament davantage de souveraineté face aux puissances étrangères.
Ce nouveau postulat adopté par les nouvelles autorités issues de la troisième alternance du 24 mars 2024 pose toutefois plusieurs questions. Sur le plan économique, c’est de savoir si ces employés sénégalais vont-ils bénéficier d’un accompagnement ou de compensations ? Sur le plan géopolitique, le Sénégal va-t-il renforcer sa coopération militaire avec d’autres partenaires comme la Turquie, la Russie ou la Chine ? Sur le plan sécuritaire, quelles seront les implications de ce départ pour la stabilité régionale, notamment face aux menaces terroristes dans le Sahel ?
Cette décision traduit néanmoins une dynamique plus large en Afrique de l’Ouest, où plusieurs pays revoient leurs alliances militaires traditionnelles. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le Sénégal devient un nouvel acteur clé du mouvement de repositionnement stratégique en Afrique.
L’avenir nous dira si cette rupture avec la France est le prélude à une nouvelle politique de défense plus indépendante ou une reconfiguration des alliances traditionnelles du Sénégal.