Les rideaux sont tombés sur la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), ce samedi 1ᵉʳ mars, au Palais des Sports. Le prestigieux trophée de cet événement reste au pays des Hommes intègres, puisque le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a remporté l’Étalon d’or de Yennenga avec son film Katanga – La danse des scorpions.
L’annonce de sa victoire a suscité une explosion de joie et d’émotion dans la salle, marquant un moment fort pour le cinéma burkinabè. Ce sacre intervient 28 ans après la consécration de Gaston Kaboré en 1997 (Buud Yam), et fait de Kouyaté le troisième réalisateur burkinabè à inscrire son nom au palmarès du FESPACO, après Idrissa Ouédraogo en 1991 (Tilaï) et Gaston Kaboré en 1997 (Buud Yam).
Un film engagé sur le pouvoir et la politique
Ce long-métrage de fiction, inspiré de La Tragédie de Macbeth de William Shakespeare, propose une réflexion audacieuse sur le pouvoir et la politique. Alternant entre histoire et éléments contemporains, le film a été entièrement tourné au Burkina Faso, avec une équipe technique majoritairement composée de jeunes formés à l’Institut Supérieur de l’Image et du Son / Studio École de Ouagadougou (ISIS).
Bien que tourné en mooré, Katanga, la danse des scorpions porte une histoire universelle, applicable à n’importe quelle société. « Il pourrait se dérouler à Bamako, Niamey, Kinshasa ou New York. C’est une histoire humaine que nous retenons », souligne le réalisateur burkinabè Hervé Éric Lingani.
Le film, tourné en noir et blanc, met en scène la problématique de la gouvernance politique et du rapport au pouvoir. Dani Kouyaté réussit à mêler les outils narratifs modernes à la tradition orale des Djélis, inscrivant dans le temps et l’espace des valeurs intemporelles telles que le respect de la vie et la parole donnée.
Une production ambitieuse et maîtrisée
Le tournage a duré six semaines, tandis que la postproduction s’est étalée sur six mois. Au total, Dani Kouyaté et son équipe ont travaillé sur le projet pendant plus de deux ans. Sur le plateau, une cinquantaine de techniciens ont été mobilisés, accompagnés de 200 figurants et une vingtaine d’acteurs principaux.
Issu d’une famille de griots, Dani Kouyaté est à la fois conteur, musicien, metteur en scène de théâtre et de cinéma. Il enseigne également l’anthropologie culturelle à l’Université d’Uppsala et à l’école de cinéma et de théâtre de Wiks Folkhögskola en Suède. Récompensé plus de 20 fois au FESPACO et dans d’autres festivals à travers le monde, il s’est fait connaître avec son film culte Sia, le rêve du python (2002).
Le Sénégal se console avec des prix spéciaux
Si le Burkina Faso célèbre son triomphe avec une vingtaine de prix spéciaux, la moisson a été plus mitigée pour le Sénégal, qui présentait 23 films dans presque toutes les catégories.
Cependant, certains réalisateurs sénégalais ont réussi à décrocher des récompenses notables. Fatoumata Bathily a remporté le Prix spécial du jury dans la section Films d’animation pour son œuvre Les aventures de Kady et Djudju (L’Empire du Ghana). Ce prix, inscrit au palmarès officiel, est doté d’une enveloppe d’un million de francs CFA et d’un trophée. Abdoul Aziz Basse s’est vu attribuer le Prix spécial UEMOA du meilleur court-métrage documentaire pour 2002, bataille contre l’oubli. Une mention spéciale du jury a été décernée à Adama Bineta Sow pour son film Timpi Tampa. Le jury a également salué la performance de l’acteur Pape Aly Diop.
Le prochain FESPACO, qui marquera sa 30ᵉ édition, se tiendra du 27 février au 6 mars 2027. D’ici là, le cinéma africain continue de rayonner, porté par des talents engagés et visionnaires comme Dani Kouyaté.
Chérifa