Pour se libérer du joug des bailleurs internationaux, l’économiste Demba Moussa Dembélé s’est prononcé sur ce sujet qui continue de faire couler beaucoup d’encre. Selon lui, si le Sénégal en est arrivé là, c’est tout simplement parce que le programme en cours est hérité du régime précédent, qui, d’après lui, a signé en mai 2023 un accord avec le FMI assorti d’engagements de la part du gouvernement contre des promesses de financement. « Si le nouveau régime veut rester fidèle à sa promesse de rupture, il doit s’éloigner des ‘recommandations’ du FMI, dont les politiques ont toujours été à la base du recul des indicateurs de développement humain dans tous les pays », a-t-il signalé dans les colonnes du journal Enquête.
Demba Moussa Dembélé se montre formel concernant cette rupture. Selon lui, « si on ne met pas fin au programme en cours, mis en place en accord avec le FMI, il n’y aura ni souveraineté alimentaire, ni industrialisation. En somme, il faudra éviter le piège néo-libéral dans lequel le FMI risque d’enfermer les nouvelles autorités. Une politique de rupture est incompatible avec un accord avec le FMI », prévient-il.
Le journaliste espagnol Jaume Portell Caño, qui s’est beaucoup intéressé à la question des transferts des migrants sénégalais vers leur pays d’origine, estime que ces transferts pourraient être le meilleur allié si les nouvelles autorités souhaitent disposer d’une marge de manœuvre dans leurs rapports avec le FMI, la Banque mondiale, et le système de financement classique.
« Il faut désormais faire appel à la banque de la diaspora si l’on veut se passer des financements conditionnés d’organismes comme le FMI, mais aussi des bailleurs étrangers aux intérêts excessifs qui plombent l’économie. Avec une contribution de près de trois milliards de dollars en 2023, soit 10 % du PIB, la diaspora sénégalaise pourrait aider la nouvelle administration à gagner un peu plus de répit, si ses envois sont utilisés de manière plus efficace, pour se passer des financements conditionnés d’organismes comme le FMI, ainsi que des bailleurs étrangers aux taux d’intérêt excessifs qui pèsent lourd sur l’économie », explique-t-il.
Prenant l’exemple de la dernière euro-obligation lancée par le Sénégal, il montre comment les transferts des migrants pourraient aider à contourner ce système mortifère. « À 7,75 %, le Sénégal devra verser environ 58 millions de dollars d’intérêts chaque année pendant sept ans. Au total, il aura payé plus de 400 millions pour recevoir 750 millions », s’indigne-t-il, en précisant que grâce à l’engagement patriotique de la diaspora sénégalaise, qu’il a étudiée de près, il est possible de mobiliser beaucoup de ressources à des taux bien plus avantageux.