Le concert de réprobations pour exiger la préservation de l’environnement, plus de transparence et des mesures urgentes pour juguler la fuite sur le champ gazier offshore de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) gagne en ampleur. Alors que British Petroleum (BP), en charge de l’exploitation du champ minimise l’incident et se veut rassurant, plusieurs organismes indépendants élèvent la voix et interpeller les autorités.
C’est ainsi que Greenpeace Afrique a publié un communiqué exprimant sa profonde inquiétude et son indignation face à cette fuite de gaz en cours depuis plusieurs semaines sur le champ gazier offshore de GTA, situé entre la Mauritanie et le Sénégal. L’organisation souligne que, bien que BP ait reconnu l’incident, les déclarations de l’entreprise, qui évoquent un « faible débit » et un impact « négligeable », ne sauraient masquer la réalité des dangers que représente l’exploitation des hydrocarbures offshore pour les écosystèmes.
La fuite a été détectée le 19 février sur le puits A02 du projet GTA, situé à environ 120 kilomètres des côtes mauritaniennes et sénégalaises, à une profondeur de 2 800 mètres. BP a assuré que la situation est sous contrôle et que la sécurité des travailleurs ainsi que la protection de l’environnement restent une priorité absolue. Cependant, Greenpeace Afrique estime que les déclarations de BP ne sauraient « masquer la réalité des dangers que représente l’exploitation des hydrocarbures offshore pour les écosystèmes marins et les communautés locales ».
Pour sa part, la coalition Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) Sénégal, qui exprime aussi sa « vive préoccupation » face à cette fuite de gaz survenue sur le champ de GTA, dénonce le fait que « malgré la gravité de la situation, ni BP ni les autorités sénégalaises ne se sont encore officiellement prononcés sur les circonstances exactes de cette fuite, son ampleur et les actions engagées pour en limiter les impacts ». Un silence qui, selon elle, « suscite des interrogations au sein de l’opinion publique ». D’où l’appel de PCQVP Sénégal à une « clarification immédiate ».
Risque environnemental et socio-économique majeur
« Les fuites de gaz et de pétrole en Afrique ont déjà montré leurs conséquences désastreuses sur l’environnement et les populations locales », note PCQVP Sénégal qui rappelle plusieurs précédents : Notamment dans le Delta du Niger, au Nigeria, où des fuites récurrentes ont causé des pollutions majeures, affectant les écosystèmes et la santé des riverains. Au Gabon, Cap Lopez, Port-Gentil, le 28 avril 2022, où une fuite d’hydrocarbures au terminal pétrolier de Cap Lopez a soulevé des inquiétudes sur la gestion des infrastructures et l’impact sur les eaux marines.
Elle insiste donc sur le fait que « l’exploitation offshore en Afrique, l’industrie pétrolière et gazière en mer constitue une menace pour la biodiversité marine et les ressources halieutiques, essentielles aux communautés côtières ». Selon elle, dans le cas du champ GTA, la fuite de gaz pourrait avoir des conséquences multiples. A savoir au plan environnementale, une pollution marine, une menace pour la biodiversité, une contribution aux émissions de gaz à effet de serre.
Au plan socio-économiques, des impacts sur la pêche et le tourisme, mettant en péril les moyens de subsistance des communautés locales. Et sur le plan sanitaire, des risques pour la santé humaine liés à la contamination de l’air et de l’eau.
Face à cette situation préoccupante, PCQVP Sénégal formule plusieurs recommandations pour garantir une exploitation plus responsable des ressources gazières. Elle demande ainsi la publication des résultats des enquêtes et inspections menées sur le champ GTA afin d’informer les citoyens. La mise en place d’un contrôle rigoureux des infrastructures gazières, avec la participation de la société civile.
Elle plaide aussi pour l’adoption des technologies avancées pour détecter et prévenir les fuites, et instaurer des plans d’urgence clairs et opérationnels. Le renforcement de la gouvernance du secteur et exiger la responsabilité des entreprises exploitantes. Egalement, d’associer les populations locales aux décisions et aux mécanismes de suivi des projets.