Yahya Jammeh, ancien président de la Gambie, a dirigé le pays pendant plus de deux décennies après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’État militaire en 1994, renversant le président Dawda Jawara. Pendant son règne, il s’est distingué par un mélange de discours nationaliste, de réformes symboliques et de projets d’infrastructures, tout en s’illustrant par une gouvernance entachée de corruption et d’abus de pouvoir. Accusé de violations des droits humains, notamment de tortures, détentions arbitraires et disparitions forcées, Jammeh a marqué l’histoire de son pays par une gestion autoritaire.
En 2016, il a perdu les élections présidentielles face à Adama Barrow, mais son refus de reconnaître les résultats a plongé la Gambie dans une crise politique majeure. Sous la pression de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il a finalement quitté le pouvoir en 2017 et s’est exilé en Guinée équatoriale, mettant fin à 22 ans de règne.
Depuis son exil, Yahya Jammeh n’a jamais renoncé à son ambition de revenir sur la scène politique gambienne. Il vient d’annoncer sa décision de reprendre la tête de son parti, l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotique (APRC).
« J’ai décidé aujourd’hui de reprendre la direction de mon parti et de ne plus la confier à personne », a-t-il déclaré, soulignant que ceux qui lui prédisent la prison ne perdent rien à attendre. Il est en effet sous la menace d’un emprisonnement si rentre en Gambie en raison des procédures en cours contre lui.
Cette déclaration a ravivé en tout cas les débats sur son rôle dans l’avenir politique de la Gambie. Depuis le départ de Jammeh, la Gambie tente de se reconstruire, mais le processus de transition démocratique reste fragile. Le pays fait face à des défis majeurs, notamment la réconciliation nationale et la gestion des divisions laissées par le régime de Jammeh. En 2019, la CEDEAO a soutenu la mise en place d’un tribunal spécial pour enquêter sur les crimes commis durant son règne. Et justement ce tribunal devrait jugé Jammeh s’il quitte son exil doré en Guinée-Équatoriale.