La 67e cérémonie des Grammy Awards s’est achevée avec son lot de surprises et de consécrations. La grande gagnante de la soirée est Beyoncé, qui remporte enfin le prix tant convoité de l’album de l’année pour Cowboy Carter, un album country marquant une nouvelle évolution dans sa carrière. Parmi les autres lauréats de la soirée figurent Kendrick Lamar, Shakira, la chanteuse nigériane Tems, ainsi que plusieurs artistes français, dont Gojira, Marina Viotti et Justice.
Déjà détentrice du record du plus grand nombre de Grammy Awards remportés, Beyoncé n’avait pourtant jamais décroché le trophée de l’album de l’année. C’est désormais chose faite avec Cowboy Carter, un projet rendant hommage à la musique country et à ses racines texanes. Elle devient ainsi la quatrième femme noire à recevoir cette distinction, après Lauryn Hill, Natalie Cole et Whitney Houston.
Sur scène, visiblement émue, elle a déclaré : « Cela fait de nombreuses années. J’espère que nous continuerons à aller de l’avant, à ouvrir des portes ».
Son album contribue à redéfinir le paysage de la country, un genre longtemps dominé par des artistes blancs et masculins.
Kendrick Lamar, roi du rap
Avec cinq trophées, Kendrick Lamar est l’un des artistes les plus récompensés de la soirée. Son titre Not Like Us, qui domine plusieurs catégories dont chanson de l’année, enregistrement de l’année et chanson rap de l’année, lui permet de surpasser des poids lourds comme Beyoncé, Taylor Swift et Billie Eilish.
Le morceau, sorti en mai 2024, est une attaque directe contre son rival canadien Drake, qu’il accuse de comportements inappropriés. Pourtant, sur scène, le rappeur de 37 ans n’a pas évoqué cette querelle et s’est contenté d’affirmer : « Rien de plus puissant que la musique rap… Nous sommes la culture ».
Shakira et Lady Gaga, discours engagés
Lauréate du Grammy de l’album pop latino, Shakira a profité de son discours pour défendre les immigrés : « Ce prix est pour mes frères et sœurs immigrés dans ce pays ».
De son côté, Lady Gaga a rendu hommage aux personnes transgenres, dénonçant les discours hostiles à leur encontre, notamment ceux venant du camp républicain.
Chappell Roan, révélation et militante
Grande gagnante du prix de la révélation de l’année, la chanteuse Chappell Roan a marqué la cérémonie avec une performance audacieuse sur Pink Pony Club, entourée de cow-boys maquillés et juchée sur un poney rose.
Lors de son discours, elle a critiqué l’industrie musicale : « Si je gagne un Grammy un jour, j’exigerai que les labels qui font des millions sur le dos des artistes leur offrent un salaire décent et une assurance maladie ».
Longtemps restée dans l’ombre, la chanteuse queer, inspirée par la culture drag, connaît enfin la consécration.
Tems, étoile montante de la musique africaine
La chanteuse nigériane Tems a remporté le prix de la meilleure performance musicale africaine avec son titre Love Me JeJe, dont le clip cumule plus de 20 millions de vues sur YouTube. Sur scène, vêtue de noir et d’or, elle a rendu hommage à sa mère : « Merci, maman. Elle a vraiment fait beaucoup pour mon frère et moi ».
Son succès s’est imposé face à des icônes de la scène nigériane comme Burna Boy, Wizkid, Yemi Alade et Davido.
Les Français à l’honneur avec Gojira, Marina Viotti et Justice
La scène musicale française a brillé lors de cette 67e édition des Grammy Awards.
Gojira, groupe de métal emblématique, et la chanteuse lyrique Marina Viotti ont remporté le Grammy de la meilleure prestation métal pour leur puissante interprétation de Mea Culpa (Ah! Ça ira!), un morceau marquant de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. La performance, avec une mise en scène choc mettant en avant une Marie-Antoinette décapitée, a fait sensation à l’international.
Justice, duo électro français, a quant à lui décroché le Grammy du meilleur enregistrement dance-électro pour Neverender, confirmant une fois de plus son influence sur la scène électronique mondiale.
La soirée a débuté par un hommage poignant aux victimes des récents incendies de Los Angeles, rappelant que la musique reste un puissant vecteur de solidarité et de prise de conscience.
Taylor Swift entre dans l’histoire avec un 4ᵉ sacre
Lors de cette cérémonie des Grammy Awards aux États-Unis, Taylor Swift a marqué l’histoire en remportant son quatrième prix de l’Album de l’année pour Midnights. Elle devient ainsi l’artiste la plus récompensée dans cette catégorie, surpassant des légendes comme Frank Sinatra, Stevie Wonder et Paul Simon. Son trophée lui a été remis par Céline Dion, un moment fort de la soirée.
« J’aimerais vous dire que c’est le meilleur moment de ma vie, mais je me sens aussi heureuse quand je termine une chanson. Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de faire ce que j’aime tant ! Je suis époustouflée ! », a dit Taylor Swift
En plus de ce 4ᵉ sacre historique, elle a également reçu le prix du meilleur album pop.
Profitant de l’événement, Taylor Swift a annoncé la sortie de son prochain album, The Tortured Poets Department, prévu pour le 19 avril 2024. Ce coup marketing renforce son statut de reine de la pop, confirmé par le magazine Time, qui l’a désignée personnalité de l’année 2023.
Son Eras Tour a généré plus d’un milliard de dollars en seulement 60 concerts en 2023, un record absolu dans l’industrie musicale. Parallèlement, elle continue de dominer les charts avec la réédition de ses anciens albums, réenregistrés pour en reprendre le contrôle des droits après un conflit avec son ancienne maison de disques.
Avec des centaines de millions d’abonnés et une communauté de fans ultra-dévoués, les Swifties, Taylor Swift est devenue une figure incontournable de la culture populaire. Son influence est telle que certains observateurs s’interrogent sur son impact potentiel dans l’élection présidentielle américaine de novembre 2024.
Qu’elle soit sur scène, en studio ou sur les réseaux sociaux, Taylor Swift s’impose plus que jamais comme l’une des artistes les plus influentes de son époque.