Groupe de presse E-media Invest : Au-delà de la déception

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Quand en 2018, Mamoudou Ibra Kane, Alassane Samba Diop, Mamadou Ndiaye, Boubacar Diallo dit DJ Boubs lançaient ce groupe de presse, cela avait suscité beaucoup de sentiments de plusieurs ordres. Parce qu’on s’attendait à des innovations dans le paysage médiatique sénégalais mais surtout des emplois pour de nouveaux diplômés de journalisme dans un pays où le marché de l’emploi en la matière est très exigu. Oui Mamoudou Ibra Kane avait souligné cet aspect avec le lancement du groupe. Il disait que le journaliste n’est pas condamné à être éternellement un ouvrier de l’information. « Faites le tour du monde, vous allez en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, ailleurs dans le monde, vous allez voir des journalistes qui entreprennent. Oui, nous autres de E-media, nous avons dit : nous allons faire comme feu Babacar Touré ». A l’arrivée, on peut constater que le groupe a du mal à tenir contrairement à Sud Communication.

C’est vrai que les contextes ne sont pas les mêmes mais quand on fait des affaires, il y a des relations à gérer et des paramètres à prendre en compte. La réalité est que derrière les hommes de médias comme Babacar Touré et ses compagnons ou encore derrière Sidy Lamine Niasse, c’est le désert quand on parle d’entrepreneurs de presse. A ce moment de l’évolution du groupe E-media Invest, il faut dire que les journalistes ont pour le moment échoué sur la dimension entreprenariat. Depuis plus de deux mois, les journalistes des différents supports du groupe (Iradio, ITV, Emedia.sn, BES Bi le Jour) sont en grève, ils réclament six mois d’arriérés de salaires. Dans leur dernier communiqué, les travailleurs en grève pointent du doigt l’incapacité des dirigeants à conduire la boîte et interpellent les actionnaires sur leur situation.

Mais le plus grave dans cette affaire, c’est la tournure des événements. En écoutant la radio et en suivant la télé, on a l’impression que le groupe veut prendre une nouvelle orientation où l’information va occuper peu de place avec plus de talk-show et autre animation. Il s’agit d’exploiter à fond les capacités relationnelles, communicationnelles, le professionnalisme de Boubacar Diallo dit DJ Boubs qui de Directeur marketing et de la production est passé à Directeur général adjoint et enfin à Directeur de ITV en charge aussi des programmes, du commercial et du marketing. Disons l’homme à tout faire. La rédaction avec quelques « tauliers » comme Antoine Diouf, Directeur de la radio, des stagiaires et des correspondants vont faire le reste. Tout le contraire de ce qu’ils avaient promis, « un groupe prospère et influent avec pour cœur de métier l’information ».

Il n’est pas trop tard pour bien faire. Pour l’honneur de la presse et l’honneur des journalistes qui ont participé au montage de ce groupe de presse, il faut chercher les moyens de le sauver avec le contingent de jeunes journalistes talentueux qui avaient commencé l’aventure. Bien sûr avec ceux qui décident de rester car certains sont partis voir ailleurs. Vous avez parlé de Babacar Touré comme référence, allez demander aux agents de Sud comment ils ont traversé certaines phases difficiles de l’évolution du groupe. Ce n’est pas seulement une question de moyens, d’argent, c’est aussi des valeurs. Surtout quand nous sommes pour l’essentiel sortis des mêmes écoles où sont tissées des relations qui se prolongent dans la vie professionnelle.

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Baly

Quand le contexte change le discours change aussi