Lors de la retraite municipale organisée à Saly, ce week-end, Barthélémy Dias, maire de Dakar, a vivement dénoncé la gestion du Comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (COJOJ) « Dakar 2026 ». Le maire n’a pas mâché ses mots, accusant le comité de faire cavalier seul, sans tenir compte des attentes et contributions de la ville, pourtant au cœur de l’événement.
« Ils utilisent le nom et le label de Dakar, mais estiment que la ville n’a pas son mot à dire. Au lieu de se concentrer sur leurs responsabilités, ils s’immiscent dans des sujets qui ne les concernent pas », a déclaré Barthélémy Dias. Il a souligné que la mairie de Dakar a un devoir de veiller à ce que la ville bénéficie d’un véritable héritage de ces Jeux.
Le maire a également évoqué le soutien qu’il a trouvé auprès de partenaires, notamment l’Agence française de développement (AFD), qui, selon lui, comprend les enjeux que Dakar souhaite défendre.
Trois projets sportifs ignorés
Barthélémy Dias a particulièrement critiqué le rejet de trois projets d’aménagement sportif proposés par la mairie, malgré un budget colossal de 80 milliards de francs CFA octroyé au COJOJ grâce à la signature de la ville de Dakar. « Ce budget, c’est Khalifa Sall alors maire de Dakar en prison qui a signé l’acte pour qu’ils l’obtiennent. Mais après, ils ont ignoré les demandes la ville de Dakar pour un héritage », dénonce-t-il.
Selon le maire, la ville a proposé le financement de trois projets ficelés et étudiés aux bénéfices de la population qui ont tous été refusés par le COJO. Ces projets incluaient l’aménagement sportif de la Corniche des HLM pour un coût estimé entre 3 à 4 milliards FCFA. Le développement d’un parcours sur le Boulevard de la Gueule Tapée pour moins de 2 milliards FCFA. Enfin, un aménagement et la réalisation d’un sportif pour les jeunes sur la VDN 3 pour environ 3 milliards FCFA.
« Nous avons aussi proposé l’installation de terrains de sport dans les communes d’arrondissement. Est-ce vraiment trop demander ? », s’est interrogé le maire. Il a rappelé que la candidature de Dakar avait été soutenue par l’ancien maire Khalifa Sall, parce qu’il était convaincu à l’époque par la promesse d’un projet porteur d’un véritable héritage pour la ville.
Comparaison avec Paris 2024
Faisant le parallèle avec les Jeux olympiques de Paris 2024, Barthélémy Dias a rappelé les investissements massifs en infrastructures dont Paris et ses communes voisines ont bénéficié. « Paris a obtenu des milliards d’euros en nouvelles infrastructures. Même la commune de Saint-Denis a été largement servie. C’est ça l’esprit des Jeux ! Mais à Dakar, on essaie de nous endormir avec un budget de 80 milliards destiné uniquement à la réhabilitation de la piscine olympique et du stade Iba Mar Diop qui sont des infrastructures déjà existantes. Ce n’est pas un héritage. Un héritage en parlant des Jeux c’est quelque chose de nouveau », explique Dias.
Une critique du CNOSS et du COJOJ
Le maire de Dakar a également pointé du doigt le Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS), qu’il accuse de manque de respect envers la ville et ses habitants. « Le CNOSS n’a pas été élu par les Dakaroises et Dakarois. Il est inadmissible d’organiser des Jeux dans une ville sans lui permettre de proposer des projets intégrant un véritable héritage pour ses habitants », a-t-il conclu avec fermeté.
Pour Barthélémy Dias, la question dépasse les infrastructures : il s’agit de redonner à Dakar la place qu’elle mérite dans l’organisation de cet événement mondial.
Raune