Intelligence artificielle : DeepSeek, le Chat-GPT chinois qui ébranle la suprématie américaine

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Un vent nouveau souffle dans le domaine de l’intelligence artificielle. En Chine, un agent conversationnel baptisé DeepSeek fait trembler les géants de la Silicon Valley. Performant et économique, ce chatbot révolutionnaire s’impose comme un sérieux concurrent à ChatGPT, redistribuant les cartes dans une course technologique dominée jusqu’ici par les États-Unis.

Symbolisé par une petite baleine bleue, DeepSeek est devenu en quelques jours l’application la plus téléchargée sur l’App Store, fin janvier. Développé à Hangzhou, dans l’est de la Chine, ce chatbot rivalise avec ChatGPT tout en étant infiniment moins coûteux. Son développement n’a nécessité qu’un peu plus de cinq millions de dollars, un montant dérisoire comparé aux milliards investis par les entreprises de la Silicon Valley.

L’un des principaux facteurs de cette performance réside dans l’utilisation de puces électroniques bien moins sophistiquées que celles des géants américains. Cette approche ingénieuse démontre que la Chine peut contourner les restrictions technologiques imposées par Washington et exceller avec des moyens limités.

Un « moment Spoutnik » pour les États-Unis

La montée en puissance de DeepSeek a provoqué une onde de choc outre-Atlantique, notamment à Wall Street. Le 27 janvier, Nvidia, leader des puces pour l’intelligence artificielle, a vu sa valorisation chuter de 589 milliards de dollars en quelques heures.

Des figures emblématiques de la tech américaine, telles qu’Elon Musk, ont émis des soupçons, accusant DeepSeek d’accéder illégalement à des puces hautement sophistiquées, malgré les sanctions américaines. De son côté, Sam Altman, PDG d’OpenAI, a qualifié cette avancée de « stimulante », tandis que Donald Trump a appelé à redoubler d’efforts, y voyant un avertissement comparable au « moment Spoutnik » de la guerre froide. À cette époque, le lancement du satellite soviétique avait galvanisé les États-Unis, déclenchant une course technologique décisive.

Cependant, tout n’est pas parfait pour DeepSeek. Actuellement, l’application est indisponible en raison, selon ses concepteurs, d’une « cyberattaque malveillante à grande échelle ». Bien que ce problème semble temporaire, un autre aspect suscite davantage de critiques : les biais idéologiques de l’IA.

Lorsque des sujets sensibles sont abordés, tels que le président Xi Jinping ou le Xinjiang, DeepSeek répond de manière conforme à la propagande officielle de Pékin. Par exemple, la région du Xinjiang est décrite comme un modèle de « stabilité sociale » et « d’harmonie religieuse », ignorant les accusations de répression à l’encontre des Ouïghours.

Un défi pour la domination américaine

Le succès de DeepSeek intervient dans un contexte tendu pour les États-Unis, quelques jours après que Donald Trump a lancé son ambitieux projet Stargate, visant à consolider la suprématie américaine en injectant des centaines de milliards dans l’innovation technologique. En parallèle, les résultats trimestriels des géants de la Big Tech – Microsoft, Meta, Tesla et Apple – attendus les 29 et 30 janvier, seront scrutés avec attention pour évaluer la capacité des entreprises américaines à maintenir leur leadership face à cette nouvelle concurrence chinoise.

DeepSeek illustre en tout cas la capacité de la Chine à rivaliser sur le terrain de l’innovation, tout en contestant la domination technologique américaine. Si cette percée marque un tournant, elle met aussi en lumière les enjeux géopolitiques et idéologiques qui sous-tendent la course à l’intelligence artificielle.

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