Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a proclamé le 1er décembre Journée du Tirailleur. L’annonce a été faite ce dimanche, lors de la commémoration du massacre de Thiaroye 44, un événement tragique qui continue de marquer les mémoires 80 ans après. Ce massacre reste gravé comme l’une des pages les plus sombres et douloureuses de l’histoire des pays africains.
La cérémonie a réuni plusieurs chefs d’État africains, notamment Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice de l’Union africaine (UA) et de la Mauritanie, Adama Barrow de la Gambie, Umaro Sissoco Embaló de la Guinée-Bissau, Brice Oligui Nguéma du Gabon, et Assoumani Azali des Comores.
Dans son discours, le président Faye a souligné l’importance du devoir de mémoire. « Aujourd’hui, par devoir de mémoire, de vérité et de justice, nous ne pouvons oublier l’horreur des exécutions sommaires au camp de Thiaroye », a-t-il déclaré. Ce drame, dont les récits restent fragmentés, est marqué par des rapports coloniaux contradictoires mentionnant entre 35 et 70 morts, tandis que d’autres témoignages évoquent des centaines de victimes et de nombreux blessés.
Le président a rappelé que ces événements tragiques, visant à réprimer des revendications légitimes et à maintenir l’ordre colonial, appellent à une restauration de la vérité historique. « Les archives réclamées à la France permettront, selon les chercheurs, de comprendre comment cette tragédie s’est déroulée, d’identifier les tirailleurs concernés, de déterminer leur nombre exact, leur identité, leurs origines, les lieux de sépulture, ainsi que les injustices qu’ils ont subies, » a-t-il souligné.
Bassirou Diomaye Faye a également lancé un appel à la collaboration des acteurs étatiques et non étatiques des pays concernés, y compris la France, ainsi qu’aux historiens et chercheurs, pour examiner avec lucidité cet épisode sombre de l’histoire commune.
Pour restaurer pleinement la mémoire et la dignité des tirailleurs sénégalais, le président a annoncé une batterie mesures . Il s’agit de la construction d’un mémorial à Thiaroye, qui deviendra un lieu de recueillement et de mémoire pour toutes les nations concernées; de la création d’un Centre de Documentation et de Recherche dédié aux Tirailleurs, chargé de conserver les archives, témoignages et récits, tout en soutenant la recherche et l’éducation sur cette histoire; de la dénomination de rues et places en hommage aux tirailleurs, afin d’inscrire leur sacrifice dans la mémoire collective; de l’’intégration de l’histoire de Thiaroye et des tirailleurs dans les curricula éducatifs, pour transmettre cet héritage aux générations futures.
Pour terminer, le président a officialisé la Journée du Tirailleur, désormais célébrée chaque 1er décembre, en mémoire du massacre de Thiaroye et en hommage aux sacrifices des tirailleurs sénégalais.
