Il fait partie de ces lutteurs qu’on ne présente plus. Quand Pokola entre dans une arène, c’est toute une réputation qui le précède. Celle d’un talent brut promis aux sommets, mais aussi d’un enfant terrible de la lutte sénégalaise. L’accident mystérieux de ce lundi, où il a chuté du 3ᵉ étage d’un immeuble à la Cité Mixta, relance les débats sur sa trajectoire hors du commun, marquée à la fois par les promesses sportives et les frasques extra-sportives.
Lundi 1ᵉʳ septembre 2025, la nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux et des médias. Pokola Baldé, de son vrai nom Pape Mbaye, a été évacué d’urgence à l’Hôpital général Idrissa Pouye de Grand-Yoff après une chute spectaculaire du 3e étage d’un immeuble. Par miracle, le lutteur n’a souffert ni fracture ni lésion grave. Seules une blessure au genou gauche, des contusions et des douleurs au bassin ont été relevées. Relâché dès le lendemain, il a pu regagner le domicile familial. Mais cet incident mystérieux, sans explication claire, alimente les spéculations et renforce sa réputation déjà sulfureuse.
Héritier d’une lignée prestigieuse
Pokola n’est pas un anonyme dans l’arène. Il est issu d’une grande famille de lutteurs. Fils de Coumba Baldé, sœur d’Ama Baldé, et d’Ass Mbaye, ancien lutteur du Baol, il a hérité d’un patronyme qui pèse lourd dans le milieu.
Son apprentissage commence dans la lutte simple, arpentant les Mbapatt de quartiers populaires comme la Médina, où il s’illustre dès ses débuts. À force de combats et de trophées, il forge son expérience avant de franchir le pas vers la lutte avec frappe.
Sa première grande apparition a lieu le 25 février 2018 contre Clé 13. Pour ce combat, il ne touche qu’un cachet dérisoire : 100.000 FCFA, dont 50.000 en avance, le reste ayant été englouti par des sanctions du CNG. Mais le jeune lutteur persiste, accumule les combats, et finit par s’imposer comme l’un des espoirs les plus en vue de Pikine. En janvier dernier, il a touché 13 millions FCFA pour affronter Talfa, symbole de son ascension fulgurante.
Un palmarès prometteur
Avec 9 victoires pour 3 défaites, Pokola s’est forgé un palmarès solide. Ses succès face à Talfa, Liss Ndiago, Gackou 2 ou encore Boul Laleu confirment son potentiel. Sa résistance à toute épreuve lui vaut même le surnom de « PokoMbam », contraction de son nom et du mot « mbam » (porc en wolof), symbole de sa capacité à encaisser sans plier.
Seuls BB Gouy-Gui, Gris Junior et Papa Kane 2 (défaite après recours) sont parvenus à le faire tomber.
L’autre visage de Pokola
Mais derrière le lutteur téméraire, il y a l’homme, imprévisible et souvent incontrôlable. Généreux et protecteur selon ses proches, il s’est néanmoins laissé happer par les pièges de la célébrité. Depuis sa victoire contre Boul Laleu, ses fréquentations nocturnes et ses absences répétées aux entraînements inquiètent son entourage.
Son casier judiciaire a également terni son image. En mars 2025, il est condamné à six mois avec sursis, dont un mois ferme, pour rébellion et outrage à agent. En juin 2024, il est mis en cause dans une affaire de trafic d’ecstasy et association de malfaiteurs. En septembre 2024, il est impliqué dans une violente bagarre dans un bar avec Ada Fass, liée à une consommation excessive d’alcool.
Cet enchaînement de dérapages nourrit sa réputation sulfureuse et fragilise son avenir sportif.
Entre destin glorieux et chute annoncée
Aujourd’hui, deux trajectoires s’offrent à Pokola. Celle du lutteur prometteur, capable d’écrire une page glorieuse de la lutte sénégalaise, et celle du jeune rebelle, prisonnier de ses excès et de son caractère imprévisible.
Ses proches espèrent que l’accident de ce lundi sera un électrochoc, l’incitant à revenir à l’essentiel : le sport, le travail et la discipline. Mais une chose est sûre, Pokola ne laisse personne indifférent, et son avenir reste suspendu entre l’arène et ses démons.
(Source : L’Informe)




