L’heure est à la vigilance pour la Fédération sénégalaise de football (FSF). En jeu, une qualification pour la phase finale de la Coupe du Monde 2026, un enjeu sportif et financier majeur, notamment pour les sélections africaines. Face à la programmation du match Soudan-Sénégal à Benghazi, en Libye, la FSF exprime son étonnement et exige des garanties de sécurité et de sûreté, à défaut d’une délocalisation de la rencontre. D’après sud quotidien, l’instance fédérale plaide également pour une reprogrammation du match au 21 mars plutôt qu’au 22 mars, afin de garantir l’équité sportive. La balle est désormais dans le camp de la FIFA.
Une programmation controversée
Le match Soudan-Sénégal, comptant pour la 5ᵉ journée des qualifications de la Coupe du Monde 2026 (États-Unis, Mexique, Canada), est officiellement fixé au 22 mars 2025 à 19h au Benina Stadium de Benghazi. Cette décision a été communiquée à la FSF par la FIFA dans une lettre datée du 18 février. La rencontre mettra aux prises le leader du groupe, le Soudan (10 points, +6), et son dauphin, le Sénégal (8 points, +5) .
Sans surprise, la FSF a rapidement réagi. Dans une correspondance adressée à Gordon Savic, responsable des qualifications et des matchs internationaux à la FIFA, l’instance fédérale exprime son inquiétude quant à la situation sécuritaire en Libye.
Des réserves sur la sécurité et une demande de délocalisation
“Nous accusons réception de votre courriel du 18 février 2025 concernant la programmation des matchs de mars 2025 pour les qualifications à la Coupe du Monde 2026. Cette décision a retenu notre attention à plusieurs niveaux. Tout d’abord, le match Soudan-Sénégal est prévu en Libye, un pays où la situation sécuritaire et les incidents récents impliquant d’autres sélections suscitent de vives inquiétudes quant au choix de ce site”, écrit la FSF dans son courrier adressé à la FIFA et à la Confédération Africaine de Football (CAF).
Au-delà de ces réserves, la FSF demande officiellement la délocalisation du match. À défaut, elle exige que la FIFA et la CAF prennent toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité et la sûreté de la délégation sénégalaise durant son séjour en Libye.
Par ailleurs, la FSF soulève une autre irrégularité dans la programmation. Elle constate que le Sénégal est la seule équipe contrainte de disputer deux matchs en l’espace de trois jours, contrairement à son adversaire qui bénéficiera d’un jour de repos supplémentaire. “Compte tenu de l’importance de ces rencontres et pour garantir l’équité sportive, nous souhaiterions que le match Soudan-Sénégal soit reprogrammé au 21 mars 2025 “, insiste la FSF.
Un choix controversé face aux précédents incidents
Le choix de la Libye comme terrain d’accueil soulève de nombreuses interrogations, notamment après les incidents survenus lors des précédentes qualifications à la CAN 2025. Deux sélections africaines y ont rencontré de graves difficultés.
Le Nigeria, vice-champion d’Afrique, avait refusé de jouer contre la Libye à Benghazi le 15 octobre 2024 après avoir subi des traitements inacceptables. Les joueurs et officiels nigérians avaient été retenus dans un aéroport fermé à clé pendant plus de 16 heures, à près de 250 km de leur destination. Privés de nourriture et d’eau, et n’ayant reçu aucun contact des autorités locales, ils avaient finalement décidé de rentrer au pays. La CAF leur avait donné gain de cause en leur accordant une victoire sur tapis vert (3-0).
Le Bénin, bien qu’ayant disputé son match à Tripoli, garde un souvenir amer de son déplacement. Le 18 novembre 2024, son analyste vidéo tunisien avait été agressé, et l’équipe avait été contrainte de rester enfermée dans son vestiaire pendant plus d’une heure et demie, selon le sélectionneur Gernot Rohr.
Un groupe B toujours indécis
Après quatre journées, le Soudan mène le groupe B avec 10 points, suivi du Sénégal (8 points, +5), de la RD Congo (7 points, +2), du Togo (3 points, -1), du Soudan du Sud (2 points, -7) et de la Mauritanie (1 point, -5).
Face à ces éléments, la FSF s’interroge : “Comment peut-on délocaliser des matchs dans un pays en guerre civile après avoir interdit la Libye pour des raisons sécuritaires ? ” Une question qui, selon un membre du Comité exécutif de la CAF, mérite une étude approfondie de la part des instances dirigeantes du football mondial. À Zurich, la FIFA prend la situation au sérieux et devrait examiner la requête de la FSF avec la plus grande attention.
Source: (Sud quotidien)