Dans un désert brûlant, à la frontière entre la Mauritanie et le Mali, la tension a atteint un point de rupture. Ce samedi, un groupe de migrants en instance d’expulsion a attaqué un poste de police à Gogui, provoquant des affrontements violents et un incendie. Cet événement met en lumière la pression croissante autour de la gestion des flux migratoires en Mauritanie.
Le sud-est de la Mauritanie est depuis plusieurs semaines le théâtre d’une vaste opération de refoulement des migrants en situation irrégulière. Les autorités justifient cette campagne par la nécessité de lutter contre les réseaux de passeurs, tandis que les ONG dénoncent des conditions d’arrestation et d’expulsion inhumaines.
Samedi, la situation a dégénéré lorsqu’un groupe de migrants, excédés par leur expulsion imminente, a pris d’assaut le poste de police frontalier de Gogui. Selon une source sécuritaire, ils ont commencé par lancer des pierres avant d’incendier le bâtiment. Les forces de l’ordre ont réagi en dispersant les protestataires à l’aide de gaz lacrymogène.
Des images qui enflamment le débat
Rapidement, des vidéos des affrontements ont circulé sur les réseaux sociaux. On y voit des agents de sécurité tenter de reprendre le contrôle, des silhouettes fuyant dans la poussière et un bâtiment en proie aux flammes. Si leur authenticité reste à confirmer, ces images ont suffi à diviser l’opinion publique. D’un côté, certains y voient un acte désespéré de migrants traités avec brutalité. De l’autre, ces violences sont jugées inacceptables et perçues comme une menace pour l’ordre public.
Le gouvernement mauritanien, par la voix de son porte-parole, a condamné l’attaque tout en dénonçant les réseaux de passeurs responsables, selon lui, de ces migrations périlleuses.
Une politique migratoire sous le feu des critiques
Depuis plusieurs jours, la Mauritanie mène une campagne massive d’expulsions avec des centaines de migrants interpellés et des refoulements aux frontières. Le tout dans une grande opacité, puisque peu d’informations sur le nombre exact de personnes concernées.
Les autorités assurent que ces opérations s’inscrivent dans un cadre légal visant à contrôler l’immigration clandestine. Cependant, les associations de défense des droits de l’homme dénoncent des expulsions forcées menées sans garantie de sécurité pour les migrants concernés.
Un activiste a dénoncé cette situation dans une vidéo largement relayée : « Ces personnes ne devraient pas être traitées comme des criminels. Il faut respecter leur dignité ».
Le Mali réagit et appelle au calme
De l’autre côté de la frontière, le gouvernement malien suit la situation de près. Dans un communiqué, le ministère des Maliens de l’extérieur a confirmé que plusieurs de ses ressortissants ont été refoulés vers Gogui et qu’ils sont actuellement pris en charge en collaboration avec les autorités mauritaniennes.
Toutefois, cet incident pourrait compliquer davantage les relations entre les deux pays, déjà marquées par des tensions sur la gestion des flux migratoires et la sécurité transfrontalière.
En attendant, le calme semble être revenu à la frontière, mais la question migratoire en Mauritanie reste plus brûlante que jamais.