Port de Dakar : Une dégringolade historique du trafic de marchandises

17

Le Port autonome de Dakar traverse une crise sans précédent. En effet, l’activité portuaire a connu une chute brutale au cours des onze premiers mois de l’année, marquant un recul historique du trafic de marchandises. Ce ralentissement inquiète les acteurs économiques et pose la question d’un possible affaiblissement de l’économie nationale. Décryptage.

Le Port de Dakar a enregistré une baisse drastique des débarquements, atteignant -14,5 % en un an. En novembre 2023, ils s’élevaient à 13,5 millions de tonnes, contre 11,5 millions de tonnes un an plus tard, soit un manque de près de 2 millions de tonnes.

Ce ralentissement traduit une contraction des importations, un phénomène qui pourrait avoir des répercussions sur l’approvisionnement des entreprises et des ménages sénégalais. Selon ConfidentielDakar, les importateurs hésitent à faire venir de nouvelles marchandises, un phénomène qui risque d’aggraver l’inflation et les pénuries sur le marché local.

Le port de Dakar souffre également d’une diminution des exportations. Les embarquements, qui atteignaient près de 7 millions de tonnes, ont chuté à 6,1 millions de tonnes. Cette baisse peut être attribuée à une production locale en berne ou à une perte de compétitivité des produits sénégalais à l’international.

Si cette tendance se confirme, le Sénégal pourrait voir sa balance commerciale se dégrader davantage, mettant sous pression les réserves de change et la stabilité économique du pays.

Le secteur du commerce, pilier de l’activité portuaire, est particulièrement affecté. Les chiffres sont sans appel : les débarquements de marchandises ont chuté de 33,7 %, ce qui reflète un net ralentissement des importations.

Un commerçant interrogé par ConfidentielDakar affirme : « Nous ne faisons plus venir de conteneurs comme avant. Les coûts d’importation sont élevés et la demande locale est en baisse ». Ce phénomène pourrait perturber l’approvisionnement du marché sénégalais et accentuer les tensions sur certains produits essentiels.

Tous les secteurs ne sont pas touchés de la même manière. Certaines filières, comme les hydrocarbures et la pêche, enregistrent une progression. Les débarquements de pétrole brut, d’hydrocarbures raffinés et de poissons sont en hausse, mais ces produits ne représentent qu’un tiers du total du trafic. Leur progression ne suffit donc pas à compenser la perte de plus de 3 millions de tonnes de marchandises en un an.

L’activité de manutention et de transit de marchandises représente 70 % du travail du Port de Dakar. Avec un tel ralentissement, les conséquences sur l’emploi et la croissance économique risquent d’être considérables. Les travailleurs portuaires, les transporteurs et l’ensemble des métiers liés au commerce maritime pourraient être durement impactés si aucune solution rapide n’est trouvée.

Face à cette crise, les autorités sénégalaises sont appelées à réagir rapidement. Cette chute historique du trafic pourrait être le symptôme d’un ralentissement économique plus global. Pour relancer l’activité du port et éviter un effet domino sur l’économie nationale, plusieurs mesures sont envisageables.

Entre autres, faciliter les importations et les exportations via des allègements fiscaux et des réformes logistiques. Moderniser les infrastructures portuaires pour améliorer la compétitivité du port face aux hubs régionaux comme Abidjan et Lomé. Stimuler la production locale pour favoriser les exportations et réduire la dépendance aux importations.

Car, si rien n’est fait rapidement, le Port de Dakar risque de perdre son rôle stratégique en Afrique de l’Ouest, avec des conséquences dramatiques sur l’économie du pays.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires