En bouclant phase-aller des éliminatoires de la Coupe du monde, le Sénégal pointait à une inquiétante troisième place derrière la RD Congo et le Soudan. Ce qui eut pour conséquence directe le départ de Cissé Aliou à la tête de la sélection et son remplacement par son adjoint Pape Thiaw. Une situation des plus incertaines, car Cissé qui était en place depuis 9 ans, avait remporté la première CAN de l’histoire du Sénégal. Mais surtout, les avis étaient visiblement partagés quant à la nomination de Thiaw.

Match par match, il imposait sa griffe, martelait son discours qui faisait rallier toute la tanière à sa nouvelle philosophie de jeu. Les joueurs, malgré les inquiétudes de certains, se fondaient dans le moule et se lâchaient.

La réception du Togo ne dissipait pas pour autant les doutes malgré le succès (2-0) et les trois points empochés. « Thiaw fait du Cissé, l’équipe manque cruellement de fonds de jeu », se lamentaient en substance partie d’un public désireux de voir les Lions dérouler, se montrer davantage conquérants.  Puis arrive le Soudan, l’une des révélations de ce groupe. Ce soir-là aussi, l’équipe trouvait les moyens de s’imposer, sans trop convaincre. Seulement, elle gagnait une place dans le classement de la poule en terminant à la seconde place, derrière la RD Congo qui avait la possibilité de prendre le large lors de la réception du Sénégal.

Entre temps, la Fédération changeait de tête, Augustin Senghor cédait le fauteuil à Abdoulaye Fall. Avec toute la controverse qui a suivi cette élection, le Sénégal du foot était divisé. C’est dans ce contexte assez cocasse que les Lions devaient jouer ce qui passait pour être la finale du groupe.

Dans un stade des martyrs à ras bord, avec un public des plus hostiles, le Sénégal réalisera le plus gros match de ces éliminatoires. En renversant une situation mal embarquée, avec deux buts de débours, les Lions, dans le jeu, s’offraient le scalp du Congo et le reléguait à la seconde place.

Cette troisième levée des phases-retour marquait un tournant dans le management de Thiaw. Plus réactif que son prédécesseur et plus tranchant dans ses remplacement, il se faisait une belle place dans le cœur des exigeants supporteurs de la sélection. Les milieux de terrain se chargeaient de la besogne sans coup férir.

Dans ce match cadenassé où les attaquants étaient muselés, les milieux se devenaient une crédible alternative, surtout qu’ils ne sont dépourvus de qualités.

Au sortir de cette rencontre, le statut des Lions avait littéralement évolué. La confiance, la sérénité étaient de retour auprès des aficionados. Le déplacement à Juba lors de la 4èmejournée ne fut qu’une formalité. Les attaquants prirent le relais. Itou face à la Mauritanie lors de la dernière levée.

  15 buts en 5 matches

Les Lions n’ont pas petitement empoché 15 points sur 15. Ils ont affolé les compteurs en inscrivant la bagatelle de 15 buts en cinq sorties, pour une moyenne de 3 buts par match. Un ratio élevé pour une sélection qui ne nous avait pas habitués à tant de libéralités.

Fort d’une bonne assise défensive (deux buts encaissés lors de la phase retour et un lors de la phase aller), Pape Thiaw a davantage insisté sur des principes de jeu clair, avec la possession. Assez risqué, si l’on sait que nombre de sélections en face optent pour un bloc bas quand elles jouent le Sénégal.

« On a la chance d’avoir des joueurs qui jouent beaucoup en clubs et qui sont très compétitifs. Ce qui fait  qu’il ne nous est pas difficile de respecter le plan de jeu qui est la possession. C’est vrai que souvent l’adversaire nous pose des soucis par son bloc bas, c’est à nous d’être patient afin de trouver la faille dans le déplacement de ce bloc en face. On peut donner l’impression d’être lent dans la préparation, mais c’est pour éviter de donner à l’adversaire la possibilité de nous faire mal dans les transitions rapides », glisse Olivier Pellerin, l’adjoint de Thiaw.

Ce dernier en poste depuis plus de 10 ans dans cette tanière, sait de quoi retourne la question. Cette approche a permis aux Lions de se libérer et d’inscrire une quinzaine de buts lors de la phase retour.

Ce qui laisse augurer de lendemains enchanteurs, surtout dans la perspective de la prochaine CAN. Sans se défiler, et gardant ce rêve dans un coin de la tête, capitaine Koulibaly préfère tempérer les ardeurs. « Gagner ne se décrète pas, nous y allons pour jouer match après match tout en se montrant très ambitieux », lâche-t-il en conférence de presse.

En tout cas le stade Abdoulaye Wade a vécu une soirée d’ivresse, en chavirant de bonheur sur des réalisations de belle facture. Sadio Mané à deux reprises, Elimane Ndiaye et Habib Diallo ont davantage gravé leurs noms dans le marbre servant de matière à l’édifice national.

Assane DIALLO

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