La situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) se dégrade rapidement. Les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa et l’ONU, se sont intensifiés ces dernières semaines, menaçant la ville stratégique de Goma, capitale du Nord-Kivu.
Après l’échec de la médiation sous l’égide de l’Angola entre la RDC et le Rwanda, les rebelles du M23, appuyés par 3 000 à 4 000 soldats rwandais selon les Nations unies, ont réalisé des gains territoriaux significatifs. Goma, une ville d’un million d’habitants, est presque complètement encerclée. Les combats se concentrent désormais dans les localités proches, notamment à Kibati, à une dizaine de kilomètres au nord, et à Sake, à l’ouest.
Les détonations d’armes lourdes sont entendues jusque dans les quartiers de Goma, provoquant un exode massif. L’ONU estime que 400 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’année. Des camps de déplacés, comme celui de Kanyaruchinya, sont également menacés par l’avancée des rebelles.
Les combats ont coûté la vie à 13 soldats étrangers ces derniers jours, dont trois casques bleus de la MONUSCO, la mission des Nations unies en RDC. Parmi eux figurent deux Sud-Africains et un Uruguayen. Sept autres soldats sud-africains et trois Malawites appartenant à la force régionale SAMIRDC (Communauté de développement de l’Afrique australe) ont également été tués. La MONUSCO, forte de 15 000 hommes, est engagée dans des combats intenses contre le M23 avec une unité d’élite.
Les tensions diplomatiques montent également. Kinshasa accuse Kigali de vouloir prendre Goma et a rappelé ses diplomates présents au Rwanda. De son côté, Kigali affirme que les casques bleus de la MONUSCO favorisent les FARDC et des milices congolaises, certaines étant sanctionnées par l’ONU.
La communauté internationale s’alarme de la situation. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence ce dimanche pour discuter de cette crise qui pourrait provoquer un embrasement régional. Emmanuel Macron a appelé à la « fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises » et demandé leur retrait du territoire congolais. L’Union européenne et l’Union africaine ont également réclamé l’arrêt des hostilités et le respect du cessez-le-feu.
Sur le terrain, la situation humanitaire est critique. Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont conseillé à leurs ressortissants de quitter Goma tant que l’aéroport et les frontières restent ouverts.
Le conflit dans l’est de la RDC, qui perdure depuis plus de trois ans, exacerbe une crise humanitaire déjà chronique dans la région. La ville de Goma, qui avait déjà été brièvement occupée par le M23 en 2012, se retrouve à nouveau au centre de tensions militaires et diplomatiques. Malgré les efforts internationaux pour un retour au dialogue, les affrontements se poursuivent, laissant entrevoir un avenir incertain pour cette région tourmentée.