Face aux défis révélés par le rapport de la Cour des comptes sur la situation financière du Sénégal entre 2019 et 2024, le gouvernement du Président Bassirou Diomaye Faye a annoncé une refonte complète de la gestion budgétaire et de la dette publique. Lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 13 février 2025, en présence du ministre de la Justice, Ousmane Diagne, du ministre de la Formation professionnelle, porte-parole du gouvernement, Moustapha Sarré et du ministre Secrétaire général du gouvernement, les ministres des Finances et du Budget, Cheikh Diba, et de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, ont détaillé les mesures prévues pour restaurer la viabilité des finances publiques.
Cheikh Diba a souligné « l’urgence d’améliorer la qualité comptable et la gestion des finances publiques. Un système d’information intégré sera mis en place pour garantir un meilleur contrôle des dépenses et assurer la sincérité des comptes publics. Le gouvernement va donc mettre en oeuvre un plan ambitieux pour assainir les finances publiques ».
« Un contrôle plus strict des projets financés par des ressources extérieures est prévu. Un comptable principal sera désigné pour superviser ces financements, assurant une exécution rigoureuse des engagements financiers de l’État », dit-il, soulignant que cette mesure vise à « éviter les dérives budgétaires » et à « garantir une gestion plus transparente des investissements publics ».
La dette publique, qui atteignait 99,67 % du PIB en décembre 2023, est au cœur des réformes. Cheikh Diba a insisté sur « la nécessité de centraliser la gestion de la dette pour éviter la dispersion des responsabilités et garantir une coordination optimale des financements. Une entité unique sera créée pour superviser l’ensemble des emprunts et garanties de l’État. Cette réforme vise à améliorer la transparence et à assurer une meilleure maîtrise de l’endettement national ».
Une stratégie pour réduire le déficit et maîtriser la dette
Abdourahmane Sarr a détaillé les mesures pour réduire le déficit budgétaire, qui s’élevait à 11,1 % du PIB en moyenne entre 2019 et 2023. Ce déficit, projeté à 7,1 % du PIB en 2025, sera ramené à 3 % dans un horizon raisonnable, conformément aux critères de convergence régionaux.
« L’objectif est de ramener la dette publique à 70 % du PIB d’ici 2029-2035. Pour y parvenir, le gouvernement compte sur une croissance économique soutenue, estimée à 6,5 % par an grâce à l’exploitation récente des ressources pétrolières et gazières », renseigne le ministre de l’Economie.
Le ministre a dénoncé les pratiques budgétaires de l’ancien régime, notamment l’usage de lettres de confort et de transferts hors circuits budgétaires pour financer des projets non approuvés par le Parlement. Pour éviter ces dérives, « les projets inscrits dans le budget seront désormais strictement alignés sur la vision 2050 du Sénégal et les lois de finances ».
Le troisième axe de la réforme vise à « renforcer la responsabilité des acteurs de la gestion des finances publiques ». « Une déclaration de responsabilité personnelle sera instaurée pour tous les agents impliqués dans la production de l’information financière », annonce-t-il.
De même, un « Comité national de la dette » sera mis en place pour superviser la stratégie d’endettement, et un « front-office unifié » assurera la gestion des emprunts et des remboursements. La Banque centrale jouera également un rôle clé dans l’ajustement budgétaire et la stabilisation de la dette.
Un engagement ferme pour l’avenir
Le gouvernement sénégalais affirme sa « volonté de mener ces réformes avec rigueur et détermination ». Cheikh Diba a insisté sur « l’importance de rétablir la confiance des citoyens et des partenaires internationaux ».
« Chaque franc dépensé devra être justifié, chaque engagement budgétaire optimisé. Nous devons cette rigueur aux Sénégalais, cette transparence à nos partenaires et cette exemplarité à l’Histoire », dit-il.
Les ministres s’engagent à « finaliser d’ici fin février » leur lettre de politique sectorielle, afin de garantir l’application des réformes et le redressement durable des finances publiques.
Cette réforme globale des finances publiques marque un tournant décisif dans la gouvernance financière du Sénégal. Face à une dette alarmante et un déficit budgétaire élevé, l’État adopte une approche structurée pour assainir ses finances, restaurer la souveraineté économique et garantir une gestion plus transparente et efficace des ressources publiques.