Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, venu assister ce dimanche à la commémoration du 80ᵉ anniversaire du massacre des tirailleurs, perpétré le 1ᵉʳ décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, a annoncé que son pays est conscient de la douleur infligée à ces combattants et seule la cohésion peut apaiser les coeur. “Les douleurs encore si vives, provoquées par cette plaie béante dans notre histoire commune, seul un travail de mémoire peut conduire à les apaiser. Il n’y a pas d’apaisement sans la justice et il n’y a pas de justice sans la vérité. La vérité, l’histoire et la mémoire ne sont pas des postures, mais des processus portant une part de complexité devant lesquels nous ne devons pas reculer ” a-t-il déclaré
Ainsi, d’après le ministre pour apaiser les esprits, la France s’est soumise aux exigences des autorités sénégalaises. ” C’est pourquoi la transmission des archives a été décidée en 2014. C’est pourquoi la France a accueilli une mission d’étude des archives, mandatée par vos soins, qui contribue aux travaux du comité dirigé par le professeur Mamadou Diouf. C’est également la raison pour laquelle le Président de la République vous a écrit, Monsieur le Président, pour reconnaître que, ce jour-là, un enchaînement de faits a conduit à un massacre, ” a expliqué le ministre.
Il a poursuivi en affirmant : “ Et si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même, car elle n’accepte pas qu’une telle injustice puisse entacher son histoire. Inclinons-nous devant les 202 stèles blanches du cimetière de Thiaroye, plantées dans la terre rouge du Sénégal, comme une invitation permanente à œuvrer pour la justice et la vérité partout et en tout temps. Puisons, dans ce travail de mémoire et de reconnaissance, la grandeur d’âme, le dévouement et la dignité de ces hommes, témoins du monde nouveau que célèbrait Senghor. ”
Pour conclure, le ministre des Affaires étrangères français a tenu à appeler à l’unité plutôt qu’à la division : “Cultivons l’amitié entre le Sénégal et la France sur les fondations d’une mémoire qui rassemble, plutôt que d’une mémoire qui divise. Monsieur le Président, vous avez, avec le Président de la République, posé le 20 juin dernier à Paris les bases d’un partenariat renouvelé, fondé sur le respect mutuel et au service des intérêts réciproques de nos deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées et une relation d’amitié. ”
Enfin, il a appelé à inventer ensemble un dialogue nouveau, un dialogue franc et respectueux des intérêts et des valeurs de chacun, transparent sur les objectifs, juste quant à la réalité des actes et au récit qui les entoure, pour que vive la République du Sénégal et pour que vive la République française.
Pour rappel, la cérémonie officielle, a été présidée par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Elle s’est déroulée en présence de plusieurs chefs d’État africains, dont Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice de l’Union africaine (UA) et de la Mauritanie, et de ses homologues de la Gambie, Adama Barro, de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, du Gabon, Brice Oligui Nguéma, et des Comores Assoumani Azali.