Rupture entre Lonase et GFM, un signal politique sous l’angle de la communication ?

81

La résiliation du partenariat entre la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) et le Groupe Futurs Médias (GFM) dépasse la simple dimension contractuelle. Elle révèle une véritable bataille narrative où chaque acteur – institution publique, groupe médiatique, pouvoir politique et internautes – tente d’imposer son récit, afin de façonner la perception de l’opinion publique.

La lonase  qui s’est présenter comme institution neutre et protectrice a justifié la rupture par une ” fuite ” du contrat sur les réseaux sociaux. Ce cadrage vise à dépouiller la décision de toute charge politique, en la présentant comme une mesure de gouvernance et de protection de l’image de l’entreprise. En communication politique, cela relève d’une stratégie de dérivation : détourner l’attention de la pression politique et réduire l’événement à une question de procédure.

Le GFM quand à lui , a transformé la sanction en preuve de résilience . Face à cette rupture brutale, GFM n’a pas besoin d’une réaction frontale. Le groupe, par son poids médiatique et la figure symbolique de Youssou Ndour, peut jouer sur l’argument de la victimisation politique : présenter cette affaire comme une tentative d’ “asphyxie” orchestrée par des forces hostiles. Cette posture permet de renforcer son image d’acteur indépendant et de mobiliser l’opinion autour de la défense de la liberté de la presse.

Le pouvoir pour sa part, laisse planer l’ombre de l’influence. Le nouveau régime n’a pas officiellement pris position. Mais l’activisme de ses soutiens sur les réseaux sociaux entretient l’idée que cette rupture est un signal politique. Ici, le pouvoir opte pour une communication indirecte, où les relais militants jouent le rôle de gardiens du récit : ils dénoncent GFM comme un adversaire du “Projet”, tout en laissant les institutions publiques porter le geste. Cette stratégie de communication par procuration permet de tester la réaction de l’opinion sans endosser directement la décision.

Les réseaux sociaux apparaissent comme un tribunal de l’opinion. Ces catalyseurs du récit et juges de légitimité , en diffusant le contrat, puis en orchestrant des appels au boycott,  ont créé une pression narrative à laquelle Lonase a répondu. Leur rôle n’est plus périphérique : ils deviennent les co-producteurs du récit dominant, capables d’imposer une grille de lecture politique à ce qui aurait pu rester un dossier administratif.

S’agissant des enjeux communicationnels, GFM cherche à transformer la rupture en preuve de son indépendance et à renforcer sa légitimité en tant que contre-pouvoir. La Lonase, de son côté, veut préserver son image d’institution neutre, mais s’expose au risque d’être perçue comme instrumentalisée. Le pouvoir, quant à lui, entend maintenir une pression symbolique sur les médias jugés critiques, tout en évitant un affrontement direct. Enfin, l’opinion publique demeure au centre de cette bataille narrative, où la liberté de la presse et la transparence institutionnelle constituent des enjeux majeurs.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires