Le ciel s’assombrit sur les finances publiques sénégalaises. Pour la deuxième fois en moins d’un an, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note souveraine du Sénégal, confirmant la crise de confiance qui entoure la gestion héritée de l’ancien régime.

Deux alertes en douze mois

En octobre 2024, Moody’s avait déjà sanctionné le pays en rétrogradant sa note à B3, six crans sous la catégorie “investissement”. À l’époque, cette décision faisait suite aux révélations explosives de la Cour des comptes, qui avait levé le voile sur l’état réel des finances publiques sous Macky Sall.

Un an plus tard, l’avertissement devient plus sévère : le 10 octobre 2025, Moody’s abaisse de nouveau la note, passant de B3 à Caa1, avec une perspective stable. Le Sénégal plonge ainsi plus profondément dans la zone dite “hautement spéculative “, un signal négatif qui refroidit inévitablement les investisseurs étrangers.

La dette cachée, une bombe à retardement

Au cœur de cette dégradation, un scandale : celui de la “dette cachée”.
Selon l’audit de la Cour des comptes portant sur la période 2019-2024, l’ancien gouvernement aurait dissimulé l’ampleur réelle de la dette et du déficit public. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • Une dette équivalente à 99,67 % du PIB, bien au-delà des données officielles ;

  • Un déficit budgétaire 2023 évalué à 12,3 % du PIB, contre 4,9 % annoncés ;

  • Près de 7 milliards de dollars de dette ” hors bilan “, selon le FMI ;

  • Des emprunts bancaires non retracés dans les comptes de l’État.

Une situation qui, selon Moody’s, révèle de « graves insuffisances de gouvernance” et ” réduit considérablement la marge de manœuvre budgétaire du Sénégal “, déjà sous pression face à ses besoins de financement.

Une confiance internationale ébranlée

Cette nouvelle dégradation n’est pas qu’un simple indicateur technique : elle affaiblit directement la position du Sénégal sur les marchés financiers.
Désormais, emprunter coûtera plus cher. Les créanciers imposeront des conditions plus strictes et des taux d’intérêt plus élevés. Pire encore, certains investisseurs institutionnels ne pourront plus acheter de titres sénégalais, faute de conformité à leurs règles internes.

Conséquence : le pays voit ses capacités d’emprunt limitées, tandis que la confiance des partenaires internationauxs’effrite, compromettant la mise en œuvre de plusieurs projets de développement.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires