Absents du sommet, les régimes militaires des trois pays ont récemment réaffirmé leur décision de quitter l’organisation, qu’ils accusent d’être « instrumentalisée par la France ». Cette rupture, amorcée après le coup d’État au Niger en juillet 2023, intervient dans un contexte régional marqué par une instabilité politique et sécuritaire croissante.
Les implications de cette scission pourraient être majeures, notamment sur la libre circulation des personnes et des biens dans une région déjà fragilisée par l’expansion des groupes jihadistes.
Pour apaiser les tensions, la CEDEAO a prolongé le mandat des présidents du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, et du Togo, Faure Gnassingbé, en tant que médiateurs. Ces derniers continueront leurs efforts jusqu’à la fin de la période de transition.
Le président Faye, présent au sommet, s’est montré optimiste, affirmant la semaine dernière que des progrès avaient été réalisés dans les négociations. « Il n’y a aucune raison pour que ces pays rompent définitivement leurs relations avec la CEDEAO, surtout au vu de la situation sécuritaire », a-t-il déclaré.
De son côté, Faure Gnassingbé joue également un rôle actif depuis plusieurs mois pour renouer le dialogue entre les deux blocs.
Le coup d’État au Niger, qui a été le sixième en trois ans dans la région (avec deux au Mali, deux au Burkina Faso et un en Guinée), a marqué un tournant dans les relations entre l’AES et la CEDEAO. L’organisation ouest-africaine avait initialement menacé d’intervenir militairement contre les autorités nigériennes tout en imposant des sanctions économiques, depuis levées.
Par ailleurs, des discussions bilatérales sur la sécurité ont eu lieu fin août entre le général Christopher Musa, chef d’état-major de l’armée nigériane, et son homologue nigérien, le général Moussa Salaou Barmou. Ces échanges visaient à renforcer la coopération militaire, notamment le long des frontières communes.
En Guinée, également dirigée par un régime militaire depuis le coup d’État de 2021, les autorités ont promis d’organiser des élections d’ici fin 2024 sous la pression de la CEDEAO. Cependant, elles ont récemment reconnu que cet engagement pourrait ne pas être tenu.
La CEDEAO tente de préserver l’unité régionale face aux défis politiques et sécuritaires posés par les régimes militaires de l’AES. Toutefois, la situation reste fragile, et les efforts de médiation devront redoubler d’intensité pour éviter une rupture définitive qui pourrait déstabiliser davantage la région.
Raune