Les journalistes économiques du Sénégal à l’école du Waqf

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Le Waqf, ce levier de finance sociale islamique, bien que peu connu des Sénégalais, semble être bien représenté. Selon Abdoulaye Diakhaté, responsable de la cellule juridique de la Haute Autorité du Waqf, 399 waqf ou institutions assimilables ont été identifiés et géolocalisés en 2018. Ce mécanisme, destiné au développement social et économique, repose sur la donation perpétuelle de biens ou d’argent dont les revenus sont utilisés pour le bien-être de la communauté. Il est présent dans six régions, soit plus de 72 % des waqfs, dont la région de Diourbel qui en compte le plus. Afin de mieux vulgariser ce levier financier, la Haute Autorité du Waqf a organisé un atelier de formation à l’intention des membres du Collectif des Journalistes économiques du Sénégal (Cojes).
Conscient de cela, dans le cadre de sa politique sociale de réduction des inégalités, d’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, de redistribution des revenus, de protection sociale des groupes vulnérables et d’organisation de la solidarité nationale, le Gouvernement du Sénégal a jugé nécessaire d’explorer les opportunités offertes par l’économie islamique dans ce domaine. Dans cette perspective, le Waqf, au regard de sa définition, de sa vocation originelle et de ses résultats dans certains pays, se révèle être un instrument très adapté pour la lutte contre la pauvreté et l’organisation de la solidarité nationale.
 » La Haute Autorité du Waqf a initié des démarches auprès de l’administration centrale, notamment avec le ministère des Finances et du Budget, pour faciliter la formalisation d’un certain nombre de waqfs, » a précisé Racine Ba, Directeur Général de la Haute Autorité du Waqf au Sénégal. « Mais le principe reste la loi, et effectivement, des travaux de révision de cette loi ont été menés au cours des deux dernières années. Nous espérons que dans les mois à venir, cela sera finalisé pour que nous puissions disposer d’une nouvelle loi sur le Waqf, qui sera beaucoup plus souple et permettra l’essor de nombreux waqfs ».
Quant à la question de savoir si le Waqf peut contribuer à la réduction de la fiscalité pour les entreprises, M. Ba a annoncé que la loi relative au Waqf de mai 2015 a déjà prévu un certain nombre de mesures incitatives en matière fiscale. Notamment, lorsque des dons sont faits au Waqf, il y a une déductibilité d’impôts à hauteur de 0,5 % du chiffre d’affaires. À ce titre, il faut reconnaître que l’État a fait un certain nombre d’efforts, mais le défi majeur réside principalement aujourd’hui dans les coûts liés à la formalisation. Nous pensons que cette première étape devra être franchie pour pouvoir envisager davantage de mécanismes incitatifs afin de permettre au Waqf de se développer. Parce qu’il faut le dire, l’enjeu derrière la mise en place du Waqf est de pallier les insuffisances de l’État dans la prise en charge des besoins des personnes en situation de vulnérabilité », a indiqué le Directeur général.
Interrogé sur la provenance des fonds, M. Ba a fait la distinction entre les fonds existants, les waqfs privés, parmi lesquels on peut citer les waqfs de famille, mais également les waqfs d’intérêt public.
À côté de cela, vous avez les waqfs publics qui sont les waqfs mis en place par l’État du Sénégal à travers la Haute Autorité du Waqf. Pour les waqfs privés, ce sont des initiatives privées, des ressources privées qui créent des waqfs, lesquels sont des œuvres caritatives et des actions philanthropiques. Ce sont leurs ressources propres qui permettent de mettre en place ces waqfs. »

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